Elle a 95 ans. Elle porte la couronne depuis 70 ans. Elle est le monarque à avoir régné le plus longtemps. Du Royaume-Uni et des 54 pays du Commonwealth, elle est la reine. Elisabeth II fête cette année son jubilé de platine. Pop-Up vous propose une petite rétrospective.
L’appel de la couronne
Née le 21 avril 1926, et actuellement âgée de 95 ans, la reine Élisabeth II a grandi avec sa sœur, de quatre ans sa cadette, en recevant une éducation à domicile. Certes membre de la famille royale, rien ne la prédestinait à devenir reine.
Pourtant, c’est encore toute jeune que son destin bascule. Lorsque son oncle abdique après un règne express, c’est son père qui prend le titre de roi George VI. La petite Elisabeth est alors destinée à, un jour, prendre place sur le trône. Ce jour arrive en 1952. Alors en déplacement au Kenya, elle devient reine, seulement âgée de 25 ans, suite au décès de son père. Son couronnement aura lieu un moment après à Westminster, c’est un long règne qui commence alors.
En 1947, elle épouse Philip Mountbatten, prince de Grèce et du Danemark, rencontré avant le début de la guerre. De ce « mariage d’amour » naissent quatre enfants : Charles (1948), Anne (1950), Andrew (1960) et Edward (1964).
En tant que reine, son influence s’étend, non seulement sur le Royaume-Uni, mais aussi sur le Commonwealth et ses 54 pays. Institution créée en 1931, elle a pour but d’entretenir les bonnes relations entre ses membres. Et si elle compte vingt et une monarchies, donc cinq ayant leur propre souverain, nulle n’a la popularité de la reine Elisabeth.
Monarchie et politique, mélange inévitable
Elisabeth II règne, mais elle ne gouverne pas. Pour autant, son impact n’est pas négligeable sur la politique du Royaume-Uni, et plus largement sur le Commonwealth.
Elle, qui, tous les mercredis, reçoit le chef de son gouvernement en audience privée, a connu plus d’une dizaine de Premiers ministres depuis qu’elle porte la couronne. Et les relations d’abord professionnelles et cordiales ont parfois débouché sur de réelles amitiés. Lorsqu’elle accède au trône, Winston Churchill occupe le poste comme Premier ministre. Fidèle ami du roi George VI, il devient rapidement un mentor pour la jeune reine.
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Être reine, bien qu’elle n’ait aucune action politique, cela ne signifie pas non plus qu’elle se contente de rester bien au chaud à Buckingham, loin des réalités de son pays, et du monde…
En 1981, elle est la cible de tentatives d’attentat à deux reprises. L’année suivante, Michael Fagan, citoyen britannique, s’introduit dans la chambre royale. Une courte conversation aurait eu lieu entre les deux interlocuteurs, selon les journaux de l’époque. Une intrusion qui n’est pas sans rapport avec le contexte actuel du pays, marqué par le chômage.
Moins d’une décennie plus tard, la monarchie croule sous les critiques et le public est sceptique. Divorces de la princesse Anne et du prince Andrew puis de Charles, Windsor est ravagé par un incendie, réforme des finances qui imposent au souverain l’impôt sur le revenu… 1992 sera l’annus horribilis (année horrible) de la monarchie.
Guerre Froide, entrée dans la CEE en 1973, abolition de l’apartheid… La reine aura œuvré tantôt en coulisses, tantôt en public, pour la couronne et le bien de son pays.
Entre conservatisme et modernité
Durant ces 70 ans de règne, la monarchie a, à maintes reprises, été secouée mais son image n’en a jamais longtemps subi les conséquences. Dans les moments politiques cruciaux, la reine Elisabeth a fait bonne figure pour maintenir les relations cordiales entre membres du Commonwealth mais aussi pour maintenir l’image savamment entretenue de la famille royale britannique.
Mais parfois, la monarchie, très conservatrice, a dû être dépoussiérée et s’adapter à son temps. Et ce mariage entre conservatisme et modernité, la reine l’a réussi avec brio. Cela a commencé dès son couronnement : pour la première fois dans l’histoire de la monarchie anglaise, le couronnement accueille les caméras de journaux télévisés. Cet évènement est alors retransmis en pas moins de 44 langues.
Alors que la question du divorce a, plusieurs fois, été sujet de controverses au sein de la famille royale, elle sera finalement obligée d’accepter le divorce de trois de ses quatre enfants.
Le mariage tumultueux de Charles et Diana a d’ailleurs nourri tous les scandales. Cette liaison qui faisait rêver n’a pas laissé indemne l’image royale. Les révélations ont duré même après la séparation du couple.
Plus récemment, la famille royale est secouée par les polémiques liées au prince Harry et Meghan Markle. Le couple, qui a renoncé à ses obligations officielles envers la famille royale d’Angleterre, vit aujourd’hui aux États-Unis et a laissé un sillage de révélations sur son passage. Le prince Andrew a quant à lui été banni de la famille royale, accusé d’agressions sexuelles.
Lors de son discours pour fêter son jubilé de platine, le 6 février dernier, la reine a encore mis de l’eau dans son vin lorsqu’elle a annoncé que Camilla Parker-Bowles, épouse de prince Charles depuis 2005, aurait un jour le titre de reine consort quand Charles héritera de la couronne.
Pourtant, même si le monde entier a pu connaître les détails des grands drames de la famille royale, celle-ci conserve son mystère et surtout, son intérêt. Et ce qui fait son unicité, c’est non seulement son caractère sacro-saint et son aspect cérémoniel, mais surtout c’est parce qu’elle reste dénuée d’une prétention excessive.
Moins d’un an après le décès de époux, lui-même âgé de 99 ans, elle a fêté son jubilé de platine marquant 70 ans de règne, ce mois-ci. Elle est actuellement le monarque à avoir régné le plus longtemps sur le Royaume-Uni, et pour elle, « duty first »*, l’abdication n’a et ne sera donc jamais une question. Le règne durera aussi longtemps qu’elle le pourra.
* Le devoir d’abord
© S.Wermuth / Reuters
Étudiante en troisième année d’information & communication, passionnée d’actualité et de culture, intéressée par le monde & les gens, je souhaite rejoindre la grande famille des journalistes.