Kaïs Saïed, président sortant de la Tunisie, vient d’être annoncé vainqueur à une majorité écrasante de 90,7 % des voix, le lundi 7 octobre 2024. Aussi inattendue qu’étonnante, cette victoire du président Saïed témoigne d’une élection verrouillée d’avance, où peu ont eu la liberté de s’exprimer.
Alors que le résultat final était connu de tous, l’ISIE (Instance Supérieure Indépendante des Élections) est venue confirmer ce à quoi tout le monde s’attendait : la victoire écrasante de l’actuel président de la Tunisie, Kaïs Saïed, avec 90,7 % des voix. Il ne faut pas être bien malin pour comprendre qu’un tel score lors d’une élection n’est pas le fruit du hasard. En effet, lorsque l’on se penche sur le taux de participation, on constate un taux historiquement bas avec seulement 27,7 % de participation. À titre de comparaison, lors des élections de 2019, 49 % des électeurs s’étaient rendus aux urnes. Cependant, le faible taux de participation ne suffit pas à expliquer un tel résultat pour Kaïs Saïed.
C’est notamment par une politique nationale menée d’une main de fer que l’actuel dirigeant de la Tunisie s’est une fois de plus emparé du pouvoir. Depuis sa victoire aux élections présidentielles de 2019, le président Saïed a effectué une prise de pouvoir extraordinaire. Alors que le pays était plongé dans la crise du COVID-19, Kaïs Saïed en a profité pour suspendre le Parlement et destituer son gouvernement, assumant alors les fonctions exécutives, justifiant cela par la nécessité d’agir face à la pandémie. Mais le président tunisien ne s’est pas arrêté là, car en juillet 2022, à la suite d’un référendum constitutionnel, il a fait adopter une nouvelle Constitution qui lui conférait ainsi des pouvoirs plus importants.
Ces dérives autoritaires, semblables aux méthodes de Vladimir Poutine en Russie, s’appliquent aussi aux contre-pouvoirs que peuvent représenter les médias et les journalistes. En renforçant son emprise sur les médias et en arrêtant les journalistes qui oseraient critiquer son autorité, Kaïs Saïed n’hésite pas à restreindre la liberté de la presse dans son pays, accusant les médias d’opposition de diffamation ou d’atteinte à la sécurité nationale. Ces atteintes à la liberté de la presse ont été soulignées à plusieurs reprises par RSF (Reporters Sans Frontières), notamment lors de l’arrestation de chroniqueurs ayant critiqué à l’antenne le gouvernement tunisien sur IFM et Carthage +.
Par ailleurs, cette politique de répression s’est aussi manifestée lors des élections présidentielles de 2024. Alors que lors des élections présidentielles de 2019, on comptait 26 candidats enregistrés, seulement 3 ont été retenus pour les élections de 2024. Ce faible nombre de participants s’explique par la sévère répression menée par Kaïs Saïed durant ces élections. Au départ, 17 candidats étaient prévus pour faire face à la réélection du président, mais tous ont été écartés avant le jour du vote. Face à cette « farce démocratique », seulement 6 % des électeurs du dimanche avaient moins de 35 ans, ne souhaitant pas prendre part à cette mascarade.
Alors que la Tunisie était autrefois célébrée comme l’un des rares succès démocratiques post-révolutionnaires dans le monde arabe, il semble que cette fierté appartienne désormais au passé. L’élection de Kaïs Saïed reflète un paysage politique tunisien en pleine mutation, marqué par un éloignement drastique des droits civiques et de la liberté d’expression.
Je m’appelle Poisbelaud Victor et je suis étudiant en deuxième année de
licence de Science de l’information et de la communication à l’université
Bordeaux Montaigne.
Étant une personne passionnée par divers sujets et aimant la rédaction,
j’aspire plus tard à devenir journaliste et à voyager autour du globe afin
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