Après 2 ans d’attente, Denis Villeneuve offre la deuxième partie de Dune, sorti ce mercredi 28 février. Entre promotion efficace, casting 5 étoiles et succès du film précédent, la pression est à son comble. La suite du récit semble déjà passionner le public. D’où provient l’engouement pour cette science-fiction ?
En 2022, le monde assiste à l’arrivée d’une nouvelle adaptation de la saga romanesque Dune de Frank Herbert. Le premier opus de l’histoire originale, paru en 1965, attire l’attention de Denis Villeneuve. Connu pour Blade Runner 2049, Prisoners, Sicario et Premier Contact, le cinéaste ne craint pas l’exploration des styles cinématographiques. Sa carrière témoigne d’un parcours à mi-chemin entre le cinéma de genre, d’auteur et de “blockbusters”. Ici, il s’attaque à un monument littéraire complexe. Mettre un pied dans le cinéma-littérature est loin d’être anodin. Vient avec ce choix une nécessité de satisfaire les attentes de lecteurs nostalgiques, d’embarquer un nouveau public, et d’éviter une adaptation dont la fidélité empiète sur la créativité. Pour l’instant le défi semble être à la hauteur des espérances. L’audience s’attache aux aventures de Paul Atréides.
Nouveaux horizons
Bien que l’univers soit le même, les dynamiques et les intrigues sont bel et bien différentes. Vous retrouverez la famille Atréides, le peuple des Fremen, la Maison Harkonnen…Tout est réalisé de façon à ce que le visionneur se sente pris par la main dès la scène d’ouverture. Après la succession d’événements tragiques que subit le protagoniste joué par Timothée Chalamet, la narration passe de la chute d’une dynastie à la naissance d’un messie. La trame prophétique tenue par les Bene Gesserit prend de l’ampleur, jusqu’à peser sur les épaules d’un héros qui se demande si le suivi de sa destinée n’est pas un choix de tous les dangers. Décidé à protéger sa planète et ses alliés nomades, le personnage se lance dans une épopée vengeresse qui révèle des ennemis intéressants. La situation est aussi présentée sous le point du vue de Feyd-Rautha, le dauphin de la famille des Harkonnens (Austin Butler), et celui de la fille de l’Empereur de la Maison Corrino (Florence Pugh). Cette approche inédite stimule et change du traditionnel combat manichéen du Bien contre le Mal.
Fables mouvantes
À travers son œuvre, le réalisateur canadien transmet de nombreux messages qui font écho à nos sociétés. Fiction et réalité s’entremêlent quand Shani, interprétée par Zendaya, évoque le fait qu’un peuple puisse être asservi par un groupe d’individus via le culte de la personnalité. S’imposer comme une solution divine à un problème de longue date est une pratique observable tout au long de l’histoire de l’humanité. L’exploitation excessive de ressources naturelles est un thème qui fait aussi son apparition entre quelques batailles ordonnées par un régime pour le moins dictatorial. Au coeur du récit se retrouve une image machiavélique de la politique portée par des coups bas, la réduction de la femme au rôle de reproductrice ou encore, l’épuration ethnique. Ces propos donnent de la matière au schéma narratif, et emmènent le long-métrage au-delà du divertissement.
Graines de génie
Pour capturer ces idées à l’écran, l’équipe de réalisation et la distribution doivent se dépasser. À vue d’œil, le défi est relevé. Plusieurs points positifs perdurent, comme la qualité des plans larges, généraux, aériens. Chacun d’entre eux met en lumière des décors travaillés avec soins. Qu’il s’agisse de dunes de sable à perte de vue, d’une scène de conflit armé, ou d’une foule en délire, la qualité reste la même. La patte du québécois épate sans créer une distance affective que certains critiques regrettent vis-à-vis du prédécesseur de Dune 2. Si vous craignez une omniprésence de séquences contemplatives, n’ayez crainte. La guerre, le suspense et la bande sonore vous empêchent de succomber au sommeil. Peur de potentiels effets spéciaux kitchs ? Nul besoin, les effets visuels et spéciaux sont utilisés avec habileté. Le jeu d’acteur est au niveau de l’engouement médiatique, avec une mention spéciale pour Austin Butler qui délivre une performance déroutante jusqu’à la dernière seconde.
Déjà à plus de 200 millions de dollars au box-office, le film effectue un bon démarrage. Allez donc voir ce dit chef-d’œuvre et laissez le soleil du désert réchauffer votre âme de cinéphile.
Inès Mbemba Kabuiku
Crédit photo : Affiche promotionnelle
Étudiante en Information communication / Anglais sensible aux arts, aux langues et à la géopolitique. Séduite par le journalisme, j’écris pour que chaque jour le monde nous révèle un peu plus ses secrets…