Depuis le 16 février, les Bassins des Lumières de Bordeaux accueillent une exposition dédiée aux maîtres hollandais de la peinture. Les visiteurs sont transportés dans un monde d’images en mouvement et de musique, enveloppés par les œuvres d’artistes renommés, ne leur laissant plus qu’à admirer le spectacle.
L’exposition « De Vermeer à Van Gogh » est une magnifique initiative prise par Virginie Martin, qui met en lumière au sens propre comme au figuré l’évolution de la peinture néerlandaise du XVIIe au XIXe siècle. Cette exposition offre un voyage à travers les époques et les styles, mettant en avant les œuvres emblématiques de grands-maîtres tels que Johannes Vermeer, Rembrandt van Rijn, Hendrick Avercamp, Vincent van Gogh et bien d’autres.
Le concept de l’exposition est de présenter l’évolution de la peinture néerlandaise en mettant en parallèle les œuvres de différents artistes et en mettant en évidence leurs influences au fil des siècles. Les visiteurs peuvent ainsi admirer les techniques, les thèmes et les innovations artistiques qui ont marqué cette période cruciale de l’histoire de l’art.
L’exposition « De Vermeer à Van Gogh » offre également un regard unique sur la société et la culture néerlandaises à travers les siècles, en mettant en avant des scènes de la vie quotidienne, des paysages, des natures mortes et des portraits qui témoignent de l’évolution des mentalités et des préoccupations artistiques au fil du temps.
Le mélange d’art et de technologie
L’exposition aux Bassins des Lumières à Bordeaux est une expérience immersive unique qui marie art, technologie et histoire. Situé dans une ancienne base sous-marine construite par les Allemands, ce site est devenu un lieu emblématique de la ville de Bordeaux. L’exposition utilise des technologies de projection numérique de pointe pour diffuser des œuvres d’art célèbres sur les murs, créant ainsi une expérience visuelle saisissante.
Les projections prennent vie grâce à des effets de lumière et de son qui captivent les sens et stimulent l’imagination. De plus, les visiteurs ont la liberté de déambuler à leur guise à travers les différentes salles, découvrant ainsi les œuvres sous différents angles et s’immergeant totalement dans l’atmosphère créée par les projections. Cette pratique se démocratise grâce à Culturespaces, qui produit ce type d’exposition dans le monde entier notamment à New York, Amsterdam, et même Séoul.
Vermeer et sa large palette de thèmes
L’obscurité enveloppe la base sous-marine, la musique démarre et les projecteurs s’allument ; le spectateur est instantanément transporté aux Pays-Bas et peut désormais admirer les panoramas urbains du XVIIe siècle. Ces panoramas ont permis à Vermeer de se faire connaître, mais pas de s’épanouir. Il est appelé maître de la lumière et de l’intimité ; les scènes d’intimité peintes par ses soins sont des classiques de la peinture.
Les tableaux de scènes intimes et d’intérieurs représentent majoritairement des femmes ; l’homme semble n’entrer que par effraction et n’est jamais le personnage principal du tableau. Les figures féminines telles que La Laitière ou La Dentellière sont absorbées par leurs tâches et leurs tourments dans des intérieurs épurés. Dans ces univers confinés, la présence des fenêtres offre une ouverture sur le monde extérieur.
Après les scènes d’intimité, le thème de la musique est abordé. Le visiteur retrouve encore une fois des tableaux de Vermeer, mais découvre aussi Gerrit van Honthorst. Les œuvres invitent à interrompre une leçon de musique, à assister à un concert ou à se joindre à un duo. Les peintres laissent libre cours à l’imagination avec des intrigues romantiques qui se lisent dans l’expression des visages et l’attitude des personnages.
La foi est un autre sujet abordé par Vermeer et donc un autre sujet présenté dans l’exposition. Le visiteur se promène désormais dans les églises, invité à la méditation et à l’apaisement spirituel. À travers leurs peintures, Emanuel de Witte, Hendrick Cornelisz ainsi que Vermeer démontrent la liberté de la croyance. Le protestantisme hollandais existe toujours, mais les autres religions sont désormais respectées et représentées.
Rembrandt, maître du clair-obscur
Pendant le Siècle d’Or de la peinture hollandaise, deux noms ressortent : celui de Vermeer, qui fut omniprésent au début de l’exposition, et celui de Rembrandt van Rijn, le maître du clair-obscur. Alors, après avoir parlé de Johannes Vermeer, place à Rembrandt et ses portraits. Le portrait est un thème pictural prédominant durant le Siècle d’Or. C’est dans ce thème que Rembrandt explore les contrastes de lumière ; il se concentre sur les expressions et les émotions que la lumière évoque.
En 1638, la compagnie du capitaine Frans Banning Coco lui adresse une commande. Seize membres de la compagnie ont cotisé pour apparaître sur le tableau. Rembrandt va alors peindre La Ronde de nuit, considéré par beaucoup comme son meilleur tableau. Une scène théâtrale où la lumière est maîtrisée à la perfection et joue un rôle essentiel dans la construction du tableau, en mettant en évidence les deux personnages principaux.
La nature incontrôlable
Le soleil ne brille plus sur les tableaux, seuls les nuages sont visibles. Ils sont accompagnés de flocons de neige et d’un vent extrêmement frais. L’hiver s’installe et modifie les paysages. Alors que les propos moralisateurs se transmettent à travers des tableaux de scènes populaires, Hendrick Avercamp en profite pour en représenter une en plein hiver. Connu pour être un expert des scènes hivernales, Avercamp peint Paysage d’hiver avec des patineurs en 1608. Ce tableau immortalise un moment où des individus de toutes les classes sociales se mélangent pour partager les loisirs de la glace.
De toutes les nouveautés picturales du Siècle d’Or, le paysage fut l’un des plus convoités. Notamment les paysages maritimes : nation de marins aguerris, les Hollandais voguent contre vents et marées sur une mer agitée et dans des tempêtes qui offrent le spectacle d’une nature déchaînée, avec les tableaux de Ludolf Bakhuizen et de Willem van de Velde. Lorsque le visiteur commence à entendre l’ouverture de “Guillaume Tell” jouée par l’Orchestre philharmonique de Moscou et observe ces tableaux, c’est comme s’il devenait marin à son tour et se battait contre une mer indomptable.
Van Gogh, le fou de peinture
Pour introduire Van Gogh, Virginie Martin et son équipe nous présentent un dernier genre pictural typiquement néerlandais : le « stilleven ». Les tableaux de ce genre représentent des objets inanimés, souvent des natures mortes dépeignant des fleurs, des objets luxueux ou de la nourriture. Le spectateur découvre ainsi de nombreuses natures mortes sur les murs de la base sous-marine, notamment celles de Rachel Ruysch, peintre néerlandaise qui a consacré toute sa vie aux natures mortes de fleurs. Puis vient le moment où Les Tournesols de Vincent van Gogh s’affichent.
Van Gogh est connu pour sa folie. Ainsi, lorsque la musique « Feeling Good » de Nina Simone se lance, le visiteur plonge dans l’univers de Van Gogh. Il voyage en France avec le peintre, de Paris à Auvers-sur-Oise. Les rayons de soleil du Midi réchauffent le spectateur et l’emportent dans les champs de blé pour une sieste avec La Méridienne avant de le laisser seul dans La Nuit étoilée.
Bryan Royant
Crédits photo : Bassins des lumière
Étudiant en double licence Information-Communication et Allemand, j’apprécie tout ce qui touche de près ou de loin au sport et à la peinture. Grand fan de l’Olympique Lyonnais et de l’émission « Faites entrer l’accusé » (les deux me font voir des atrocités), j’écris ici pour améliorer mon écriture et mon esprit critique. Bonne lecture ! Contact : bryan.royant@gmail.com