Sur toutes les lèvres depuis plusieurs semaines, le Coronavirus ou 2019 n-Cov de son vrai nom, est à l’origine de l’infection de plus de 31 000 personnes. Mais le virus, apparu en Chine le 31 Décembre 2019, ne se contente pas d’infecter les Hommes.
Épidémie de pneumonie virale
Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes laissaient entendre que le virus était apparu à cause d’une chauve-souris mangée par un citoyen chinois dans la ville de Wuhan. Cependant, malgré une forte ressemblance entre le 2019 n-cov et le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) de la chauve-souris, il est quasiment impossible que l’animal est transmis le virus sans l’aide d’une espèce intermédiaire. Les chercheurs s’occupent donc de déterminer quel animal vendu sur le marché du Wuhan est à l’origine de l’épidémie.
L’Organisation Mondial de la Santé classe l’épidémie comme “une urgence de santé publique de portée internationale”. En effet, 31 475 personnes sont infectées (dont 31 161 en Chine), 638 personnes sont décédées et plus de 56 millions de Chinois sont confinés.
Néanmoins, ce n’est pas suffisant pour qualifier le virus de “pandémie”, selon l’OMS. Sylvie Briand, la directrice du département Préparation mondiale aux risques infectieux de l’OMS a assuré qu’“actuellement, nous ne sommes pas en situation de pandémie […] Nous sommes dans une phase d’épidémie avec de multiples foyers”.
Nombreuses répercussions économiques
Les mises en quarantaines liées au coronavirus impactent fortement l’économie chinoise. Certains employés sont contraints d’être en télétravail, beaucoup de chaînes de productions sont à l’arrêt et de nombreux travailleurs chinois ont vu leurs vacances être prolongées. A titre d’illustrations, l’entreprise Airbus a décidé de fermer sa chaîne d’assemblage à Taijin pour une durée indéterminée, le géant du sportswear Nike, a lui fermé la moitié de ses magasins en Chine et a averti que l’épidémie aurait probablement un impact financier.
Mais les grands groupes implantés en Chine ne sont pas les seuls à souffrir du coronavirus : les PME chinoises aussi. Chen Ye, directrice d’une entreprise à Shanghai explique : “le coût de production est élevé et actuellement nous ne faisons pas de bénéfices. Les salaires des employés et le coût du loyer peuvent être fatals pour nous alors que nos employés vont continuer à faire du télétravail jusqu’au 10 février.” La directrice réclame des mesures gouvernementales pour aider les petites et moyennes entreprises locales, comme “zéro impôt ou la réduction, voire l’annulation du loyer”.
Cependant, les entreprises chinoises ne sont pas les seules à être affectées par le virus. Les cinq principales entreprises brésiliennes exportant leurs produits vers la Chine ont enduré des pertes boursières de près de 13 milliards de dollars en 12 jours. La capitalisation boursière de Vale, numéro un mondial dans la vente du minerai de fer, a diminué de 23,5 milliards de réal (soit environ 5;5 milliards de dollars), selon le quotidien O Globo. André Perfeito, du cabinet de consultants Necton déclare “Il était prévisible que ces entreprises soient touchées parce qu’elles sont très liées à la situation économique en Chine, mais ces pertes sont bien plus élevées que ce qu’on attendait.”
La méfiance et l’inquiétude liées au coronavirus en Chine ont conduit le cours de référence du pétrole à diminuer de plus de 20% en un mois. Un coup dur pour l’OPEP qui a organisé une réunion d’urgence mercredi 5 février qui s’est poursuivi jusqu’au jeudi où une nouvelle journée de discussions techniques s’est tenue au siège de l’organisation. En effet, l’épidémie a un impact colossal en Arabie Saoudite quand on sait que la Chine représente le quart des exportations de brut du pays. Le marché de l’or noir souffre d’autant plus que “la Chine représente plus d’un tiers de la croissance de la demande mondiale en pétrole ce qui en fait un des acteurs du marché les plus importants pour l’OPEP” affirme Yujiao Lei, analyste chez Wood Mackenzie.
Action, réaction
Pour désengorger les hôpitaux surpeuplés de Wuhan, le gouvernement a décidé de construire deux nouveaux lieux de soins pour les habitants infectés par le virus. La “Montagne du Dieu du Feu”, tel est le nom du nouvel hôpital de 1000 lits. Sorti de terre en 10 jours grâce au travail 24 heures sur 24 des 4000 ouvriers, il a été mis en service dès le 3 février. Aux grands maux les grands remèdes, un deuxième hôpital d’une capacité de 1500 lits doit également ouvrir ses portes prochainement. La note à payer pour le gouvernement chinois pour ces deux constructions éclaires s’élèveraient néanmoins à 300 millions de yuans soit environ 39 millions d’euros.
Médecin lanceur d’alerte
Dès le 30 décembre 2019, le docteur Li Wenliang avait attiré l’attention de ces collègues sur le cas de 7 travailleurs du marché d’animaux sauvages de Wuhan hospitalisés car semblant avoir contracté un virus proche du SRAS. Mais, deux jours après, il est interpellé, ainsi que 7 de ses collègues, par la police de Wuhan pour avoir “répandu de fausses rumeurs” et le 3 janvier, doit signer un procès-verbal reconnaissant qu’il “perturbe l’ordre social”. Li Wenliang publie ce dernier document le 31 janvier, avouant le même jour être lui même infecté par le 2019 n-Cov. Entre-temps, le 20 janvier, Zhong Nanshan, une des sommités médicales du pays, reconnaît la transmissibilité du virus entre humains et le même jour le dirigeant chinois Xi Jinping tire la sonnette d’alarme et mobilise le pays. C’est donc 20 jours trop tard, alors que le virus s’est déjà propagé à l’international, que l’état de crise est reconnu et déclenché. La Cour suprême chinoise reconnaît même, malgré que l’épidémie actuelle ne soit pas liée au SRAS, que “l’information délivrée par les huit personnes n’était pas fabriquée de toutes pièces”. Le juge ajoute “Ça aurait été une bonne chose que le public se fie à cette rumeur, commence à porter des masques, prenne des mesures pour se protéger et évite le marché aux animaux sauvages de Wuhan”.
Le docteur Li Wenliang, lanceur d’alerte, est décédé ce vendredi 7 février, laissant derrière lui un enfant de 5 ans et son épouse enceinte ainsi que des millions de citoyens chinois émus par la nouvelle. Un de ses confrères a immédiatement réagi sur le réseau en ligne Weibo : “C’est un héros qui a donné l’alerte au prix de sa vie”. Cependant, ce n’est pas uniquement la tristesse qui s’est emparé des internautes chinois mais l’indignation et la colère également. En effet, le hashtag “Le gouvernement doit des excuses au docteur Li Wenliang” a été relayé des centaines de fois, avant d’être censuré par une politique chinoise laissant peu de place à la liberté d’expression.
L’allié de la Chine ferme ses portes
La Russie, grand partenaire de la Chine, a mis en place un véritable cordon sanitaire avec la Chine. Voyages de touristes chinois suspendus, trafic aérien avec la Chine fortement restreint et 300 ressortissants russes rapatriés de Wuhan mis en quarantaine en Sibérie. Des mesures de précautions jugées inefficaces par l’OMS. En effet, une étude scientifique a récemment déterminé que l’arrêt des liaisons aériennes entre pays ne permet pas de stopper la contagion du virus mais de tout au plus la retarder. Pourquoi ? D’une part parce que ces interdictions sont facilement contournables par le biais d’escale dans un pays sans blocage, et d’autre part car les voyageurs peuvent mentir sur leurs voyages précédents.
Cependant, malgré l’enfermement de la Russie, Vladimir Poutine a rassuré son homologue Xi Jinping, via un télégramme, quant à sa visite sur le territoire chinois prévu pour le deuxième semestre 2020.
Racisme contagieux
Pris comme excuse au racisme anti asiatique, le coronavirus a donc également infecter les relations sociales. En France, de nombreuses personnes d’origines asiatiques ont été victimes de racisme depuis le début de l’épidémie, en témoigne le nombre de post sur les réseaux sociaux sous le hashtag #JeNeSuisPasUnVirus. “Garde ton virus, sale Chinoise ! T’es pas la bienvenue en France” c’est par exemple ce qu’a pu entendre Minh le lundi 27 janvier. Dans une fromagerie lyonnaise, Elodie a été témoin d’une scène d’humiliation : “Un couple a refusé d’être servi par une dame d’origine asiatique. Elle s’est mise à pleurer.” Des milliers de personne d’origine asiatique ont été blessées par le racisme – déjà présent mais exacerbé depuis la crise du coronavirus – de la part d’inconnus dans des lieux publics (transports en communs, écoles, rues…).
Mais certains individus ne sont pas les seuls à faire preuve de racisme. Le quotidien régional Courrier Picard a lui aussi été en position d’agresseur. En effet, le 26 janvier, la Une du journal titrait “Alerte jaune”, un jeu de mots raciste qui engendra une polémique sur le net. Le journal a présenté le jour même ses excuses sur Twitter, expliquant que l’expression choisie “était à prendre au sens colorimétrique, à savoir dans une gradation du jaune au rouge en passant par le jaune et l’orange. Et voulait, par ce biais signifier qu’il ne fallait pas sur-réagir à cette épidémie”.
Lilia Fernandez
Crédits photos : AFP/challenges.fr/AFP/AFP/Twitter
Étudiante en double licence info com / llce anglais, passionnée de journalisme, j’aime toucher à tout.