Depuis le 31 janvier dernier, le Royaume-Uni a officiellement divorcé de l’Union Européenne après un 3e report du Brexit, voté à 51,9 % par référendum en 2016. Nous nous sommes interrogés sur les changements provoqués par cette rupture, mettant fin à 47 ans de partenariat.
Depuis le 1er février, s’est enclenchée une période de transition durant laquelle le Royaume-Uni et l’UE doivent adopter des compromis et établir leur relation future, cette période durera jusqu’au 31 décembre 2020, à moins que ses délais ne soient, encore un fois, étendus (il est possible d’allonger la période de transition de 2 ans). En attendant, l’Ex-Etat membre a perdu tout pouvoir décisionnel au sein des institutions européennes et les lois européennes en vigueur continuent de s’appliquer sur le territoire britannique. Si pour beaucoup, il est question de la perte terrible et désavantageuse d’une des trois grandes puissances financières en Europe, d’un partenaire stratégique des États-Unis et d’une armée conséquente, d’autres préfèrent le retrait de cette nation qui historiquement n’a jamais été enthousiasmée par le projet unificateur européen. Le départ du Royaume-Uni pourrait déboucher sur d’importantes réformes institutionnelles.
La nation sortante devra également débourser une cinquantaine de milliards d’euros à l’UE, une facture à la hauteur des engagements budgétaires de Londres au sein de l’Union d’ici la fin 2020. Parmi les négociations au sujet du Brexit, figure la question de la libre circulation des personnes : le pays souhaitant limiter l’immigration, il reste à créer ou déterminer un statut spécifique pour les voyageurs européens sur le sol britannique. Cependant, les expatriés et travailleurs transfrontaliers étant déjà présents avant la période de transition pourront conserver leur statut. Les droits liés au séjour des résidents européens enregistrés comme tel auprès de l’administration du pays, c’est à dire près de 3 millions, seront préservés, même en cas de no deal (c’est à dire une sortie de l’UE sans accords), le million de citoyens britanniques en Europe seront eux aussi protégés. L’Irlande, dont la seule frontière est celle avec le Royaume-Uni, se retrouve particulièrement isolée du reste de l’Union, surtout si l’Ex-membre décide de rétablir les postes douaniers aux frontières.
Beaucoup s’inquiètent des conditions de voyage entre l’Europe et l’Île britannique : pourrai-je toujours circuler comme avant, ai-je besoin d’un passeport ? Pour l’instant, aucun changement drastique n’est à prévoir d’ici à fin 2020, les circulations continueront d’être assurées comme avant autant pour les voyageurs que les biens. La carte européenne d’assurance maladie sera elle aussi toujours valide pendant la durée de la transition. Pour l’instant, les échanges commerciaux entre l’UE et le Royaume-Uni ne subissent pas de taxe ni de contrôle supplémentaire.
Le Brexit a d’autres conséquences, plutôt légères comme l’introduction d’une pièce commémorative dans la monnaie et le retour du passeport bleu nuit et or qui avait été alors changé pour le passeport rouge bordeaux européen ; ainsi que des conséquences moins légères : par exemple, l’extradition de criminels suspectés depuis l’Allemagne sera impossible car la constitution allemande n’autorise les extraditions qu’avec les pays membres de l’UE. D’autres pays comme la Slovénie envisagent la même décision.
Quant au ressenti des britanniques au sujet de cette séparation avec l’Union Européenne, de nombreux sondage montrent que les votants voulant rester au sein de l’UE forme une petite majorité sûre. Si le referendum devait de nouveau être voté, 88 % des votants pour « rester » voteraient comme ils l’ont fait en 2016, contre 86 % des votants pour « quitter ». (source : PMG, Deltapoll, Panelbase, 2019). Dans un sondage effectué par Natcen Social Research, plus de 56 % des votants étaient persuadés que le Brexit allait avoir des conséquences négatives sur l’économie britannique, 21 % étaient sûrs de ses bénéfices.
Seul certitude à l’aube de la scission entre Britons et européens : les négociations seront longues. Du statut des immigrés au nouvelles règles de marché, une grande partie des lois européennes appliquées au Royaume-Uni devront être révisées. À l’avantage des européens ? Pas sûr. En tout cas, si vous prévoyez de visiter Big Ben ou faire un saut à Buckingham Palace, réservez vos billets avant la fin de l’année pour éviter les mauvaises surprises !
Claire Lavigne
Crédits photo : Tim P. Whitby / Getty Image
Féministe, amoureuse des abeilles, curieuse de tout et fan de séries, je m’occupe des portraits et de l’actu qui me plaît !
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