Chaque année, le Black Friday vient rythmer notre dernier vendredi du mois de novembre, l’occasion de faire chauffer la carte bleue. C’est une période d’achat durant laquelle les enseignes proposent des prix extrêmement bas sur un panel de produits allants du high tech au mobilier. Mais qu’en est-il réellement ? Entre origines et controverses, le Black Friday a bien un côté obscur !
Ses origines
Cette journée déboule tout droit des Etats-Unis. C’est dans les années 30 que le terme « Black Friday » est employé pour la première fois. Totalement dénuée de son sens commercial, cette journée désignait initialement le vendredi suivant le jeudi de Thanksgiving, durant lequel de nombreux travailleurs se disaient « malades » pour bénéficier de congés afin de profiter d’un week-end de quatre jours.
En 1961, les expressions « Black Friday » et « Black Saturday » sont utilisées par la police de Philadelphie pour désigner les deux jours d’affluence de véhicules sur les routes et d’Américains dans les rues les jours suivant Thanksgiving, ce qui constituait pour eux les jours les plus pénibles de l’année. C’est la première fois que le terme « Black Friday » est employé dans un contexte commercial.
Le Black Friday comme nous le connaissons aujourd’hui vient des années 60 et 70, c’est durant ces années que les enseignes américaines ont compris tout l’intérêt de proposer des promotions monstres en cette période d’achats de fin d’année. L’événement commercial s’est développé, jusqu’à devenir aujourd’hui une vraie tradition américaine. L’émergence du commerce en ligne, amorcée par le leader américain Amazon, constitue l’une des principales raisons de son extension à l’international.
Son arrivée dans l’hexagone
Le « vendredi noir », a tardé à faire son entrée en France. En 2010, le Black Friday commence à s’installer, mais les Français restent très mitigés, ils voient en lui un énième événement commercial emprunté aux Américains. Ce n’est que trois ans plus tard, en 2014, que le fameux vendredi noir suscite le réel intérêt des Français. L’événement a été propulsé par le e-commerce, et plus précisément par des géants comme Amazon, EBay, Cdiscount, la Fnac, etc… désirant augmenter leurs ventes en important cette tradition américaine dans d’autres pays. Voyant l’engouement monter autours de cette tendance, les enseignes physiques françaises se prêtent elles aussi de plus en plus au jeu. Le problème étant que plus les années passent, plus les dérives de cet événement commercial se font voir.
Le festival des arnaques !
Chaque année, le Black Friday déploie le tapis rouge aux arnaques en tout genre, et même si des associations comme UFC-Que Choisir, qui lutte pour la protection des droits du consommateur, tentent de nous mettre en garde contre ces fraudes, nombreux sont ceux qui se font encore avoir.
L’arnaque la plus courante lors du Black Friday : les fausses promotions. Les enseignes n’arrivent pas toujours à justifier les baisses de prix exorbitantes de certains de leurs biens ou produits… tout simplement car il n’y en a pas ! L’association UFC-Que Choisir a alerté dans un communiqué publié le vendredi 20 novembre 2020 que c’est le « tour de passe-passe invisible pour les consommateurs qui permet de leur vendre les mêmes produits, aux mêmes prix, tout en leur faisant croire à une bonne affaire ». Les enseignes ont plus d’un tour dans leur sac : en 2018, la même association avait mené son enquête en observant les prix de 31 603 produits 28 jours avant le Black Friday, en conclusion, seulement 8,3% de ces milliers de produits ont vu leur prix diminuer. C’est facile de marquer en très gros « -70% » sur son site, mais encore faudrait-il que ces promotions existent réellement… Face à ces dérapages, l’Union Européenne a décidé d’agir, en mai 2022, la directive “omnibus“ rappelle les règles de baisse des prix. Dorénavant, le vendeur doit obligatoirement indiquer comme prix de référence le prix le plus bas auquel a été vendu le produit sur les 30 derniers jours. L’UFC-Que Choisir a réagi à la suite de l’annonce de cette directive : « Cette mesure est censée limiter le nombre de fausses promotions constatées lors des Black Friday précédents. Sauf que dans la pratique, la situation est loin d’être complètement assainie ». Ce n’est pas faux… Les enseignes agissent en conséquence, elles s’amusent à gonfler leurs prix le mois précédent le Black Friday afin de faire croire une réelle baisse des prix le jour J. Les enseignes tentent le tout pour le tout afin d’attirer le maximum d’acheteurs !
Une surconsommation dévastatrice…
Un événement commercial comme le Black Friday encourage à une surconsommation dont l’impact environnemental n’est pas négligeable. Bien que 62% des Français souhaiteraient une régulation plus stricte des incitations à la consommation, plus de 6 Français sur 10 continuent de faire des achats chaque année à l’occasion du vendredi noir selon Salecycle, ce qui démontre l’engagement massif des consommateurs à cet événement. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) a mis en lumière l’impact de la surconsommation sur l’environnement grâce à quelques chiffres :
- 4% : c’est la part d’eau potable utilisée pour produire nos vêtements.
- 10% : c’est la part d’émissions de gaz à effet de serre générée par l’industrie de la mode à elle-même dans le monde.
- 7 Milliards : c’est le nombre de grands arbres abattus chaque année pour la fabrication de meubles.
Ces quelques chiffres sont glaçants. Ils illustrent plus largement la surconsommation, et quand on sait que le Black Friday encourage des pratiques qui poussent à ce genre de résultats… ça fait froid dans le dos. Comment s’en sortir ? Quelles alternatives ?
Alternatives et combats
Aujourd’hui, il est très clair que la planète a envie de souffler et que ce n’est pas en continuant ces habitudes de consommations, malheureusement encrées dans notre quotidien, que tous les problèmes environnementaux se résoudront. Ainsi, sont nées des campagnes appelées « Green Friday » ou encore « Block Friday » qui boycottent et dénonce chaque année, au moment de cet événement commercial, la consommation de masse et ses conséquences sur le climat.
Le Green Friday s’est lancé en 2017 en réaction au Black Friday, il réunit associations et entreprises autour d’une ambition commune : promouvoir une consommation durable. Ces acteurs travaillent ensemble afin de trouver des solutions concrètes à la surconsommation, Diane Scemama, co-fondatrice de Green Friday, explique alors que « La solution est un mix entre de la seconde-main pour certains produits et de consommation neuve qui soutient des emplois locaux ». En 2020 c’est plus de 500 nouvelles structures engagées qui ont rejoint le mouvement.
Chaque année, en période de Black Friday, des milliers de mobilisations sont attendues en Europe. Que ce soient des manifestations devant des lieux de consommation ou des grèves de salariés dans des entrepôts comme ceux d’Amazon, tous les coups sont permis pour tenter de stopper l’hyper consommation. Par exemple, lors de la dernière session de Black Friday 2023, plusieurs associations se sont mobilisées au forum des halles à Paris pour dénoncer, sous forme d’une prestation artistique choc, les dérives du vendredi noir. Militants, haut-parleurs et slogans « Nous consommons leur exploitation », tout était au rendez-vous pour faire réagir les passant.
En conclusion, le Black Friday semble en apparence une occasion de réaliser de très bonnes affaires. Au fil des années, il s’est étendu dans le monde entier, touchant même la France. Aujourd’hui de nombreux problèmes gravitent autour de cet événement commercial. Pour les entreprises, c’est l’opportunité de s’en mettre plein les poches, elles qui n’hésitent pas d’ailleurs à user de tactiques frauduleuses. Cette journée de soldes extrêmes rime avec excès, et comme pour tout, l’excès est destructeur, ici, il l’est pour notre planète. Bien heureusement, les associations n’hésitent pas à lutter contre ces modes de consommation tout en essayant de nous éduquer, et malgré tout, ça n’a jamais l’air de suffire … Mais qui sait, peut-être qu’un jour le Black Friday sera vu comme une vielle tradition has-been remplacée par le Green Friday !
Myléna OLLIER
Crédits photo : Elisa Riva – Pixabay
Salut ! Je m’appelle Mylena et je suis actuellement étudiante en première année de licence LEA anglais-espagnol. Étant rédactrice au pôle rattrapage, mon objectif principal est de rendre l’actualité encore plus croustillante qu’elle ne l’est déjà. Mon secret : allier humour et passion. Future pro (ou pas) de la communication, mon rêve serait d’exercer un métier touchant à ce domaine.
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