Grève de la faim, grève de la soif et occupations des arbres : la lutte se poursuit contre la construction de l’autoroute A69 reliant Toulouse et Castres. Pop-up revient sur l’origine des actions de ces dernières semaines…
Depuis l’adoption du projet d’autoroute A69 Toulouse-Castres par la région du Tarn et la région Occitanie, de nombreuses contestations de la part de militants écologistes et de scientifiques voient le jour en raison de l’impact d’un tel projet sur les terres agricoles et sur la biodiversité.
C’est notamment le cas de Thomas Brail, arboriste-grimpeur originaire du Tarn et fondateur du Groupe National de Surveillance des Arbres, qui en fait son combat depuis maintenant plusieurs mois. Le militant écologiste enchaîne les actions, jusqu’à mettre en danger sa propre santé, pour protéger un milieu naturel qu’il connaît et chérit depuis toujours.
“Si on ne fait rien aujourd’hui, nos gamins n’auront pas pas de vie demain (…). Il n’y a pas de réveil, il n’y a pas de prise de conscience de ce qui est en train d’arriver” déclare Thomas Brail au média Vakita.
Tracé entre Toulouse et Castres : un projet qui ne date pas d’hier
Le projet de construire une autoroute pour faciliter les allées et venues entre Toulouse et Castres émerge dans les années 80. Proposé par Pierre Fabre, PDG du groupe pharmaceutique éponyme, le projet se concrétise en 1996 avec l’établissement d’un tracé de 54 km entre la rocade de Castres et l’A68.
Ce n’est qu’en 2018 que le projet est déclaré « d’utilité publique », puis classé priorité nationale l’année suivante, dans la loi d’orientation des mobilités.
Le 22 avril 2022, après 35 ans de discussion, le contrat de concession entre l’État et la société Atosca est finalement approuvé, décrétant officiellement la construction de l’autoroute A69.
Au total, c’est un tracé de 53 km, recouvrant 420 hectares de terres, dont 316 terres agricoles, qui devrait être mis en service en 2025 et réduire d’environ 20 minutes le trajet entre Toulouse et Castres.
Un projet vivement critiqué par les activistes et scientifiques en raison de son impact environnemental
Le projet soutenu par le gouvernement pour « désenclaver » la région ne fait pas l’unanimité en raison de son coût environnemental démesuré. La construction d’un tel projet autoroutier entre Toulouse et Castres entraîne de nombreux impacts directs sur les sols.
On parle notamment d’un abandon de terres arables, c’est-à-dire labourables et cultivables, par leur imperméabilisation et par leur pollution. Pour rappel, le projet d’autoroute A69, c’est 420 hectares de terres, dont 316 hectares de terres agricoles sacrifiées au profit d’un temps de trajet réduit de 20 minutes. À ce sacrifice s’ajoutent les arbres et forêts rasés et la mise en péril des espèces locales.
Avec ce projet jugé anachronique au vu des enjeux environnementaux actuels, le gouvernement est interpellé sur ses agissements par l’Atécopol, collectif de scientifiques toulousain, qui rappelle les conclusions du Conseil national de la protection de la nature (CNPN) : « Ce dossier s’inscrit en contradiction avec les engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique, d’objectif du zéro artificialisation nette et du zéro perte nette de biodiversité, ainsi qu’en matière de pouvoir d’achat ».
Thomas Brail, le visage de la lutte contre le déboisement
Arboriste-grimpeur originaire du Tarn et fondateur du Groupe National de Surveillance des Arbres, Thomas Brail représente le visage de la lutte contre le déboisement depuis plusieurs années. Connu pour son principal moyen d’action et de contestation qui est l’occupation des arbres, l’homme de 48 ans fait désormais parler de lui en raison de sa grève de la faim contre le projet de l’autoroute A69. Une grève de la faim qui a duré plus de 40 jours, avec plusieurs hospitalisations, et à laquelle s’était récemment ajoutée une grève de la soif.
Depuis plus d’un mois, l’activiste, qui mettait sa vie en péril, enchaînait les actions et les rassemblements devant le ministère de la Transition Écologique avec la conviction de changer les choses. Accompagné de quatorze militants qui avaient aussi cessé de s’alimenter depuis des semaines, c’est avec courage et détermination que Thomas Brail allait entamer un énième jour de grève de la faim et de la soif. Mais ce mardi 10 octobre, vers 5 heures du matin, le militant écologiste fait un malaise, l’obligeant à se faire hospitaliser.
Quelques heures seulement après son hospitalisation, la préfecture d’Occitanie annonce la suspension provisoire de l’abattage d’arbres sur la tracé. Une «mini-victoire» pour le militant Thomas Brail qui annonça qu’il n’hésiterait pas à reprendre sa grève de la faim si le projet continuait d’avancer.
Mais ce lundi 16 octobre, le gouvernement déclare mener le projet de l’autoroute A69 « jusqu’à son terme », entraînant l’annonce d’une mobilisation, ce samedi 21 octobre, du nom de « Ramdam sur le Macadam ». Des centaines de militants sont attendus sur le secteur du chantier.
« L’État montre clairement qu’il reste ferme sur ses positions (…) ils ont remis une bûche dans le feu et ce qui va se passer ce week-end, nous, on n’en est plus responsables: la colère est en train de monter« , a souligné Thomas Brail.
Crédit photo : Christian Bellavia
Etudiante en 2ème année d’information et de communication et journaliste en devenir, j’aime écrire sur la mode, la musique et le cinéma (mais pas que…). En espérant vous faire découvrir de nouvelles choses…Bonne lecture avec Pop-Up !