Afghanistan et avortement : la Pill Force.

Afghanistan et avortement : la Pill Force.

En Afghanistan, les femmes se battent depuis des décennies pour bénéficier de droits tels que l’accès à l’éducation ou encore de disposer de leur corps comme elles l’entendent. Et de cette lutte est né un mouvement nommé la Pill Force, alimenté à la fois par le courage extraordinaire des Afghanes mais également de leur désespoir.

L’Afghanistan et le droit des femmes 

Le pays connaît une histoire tumultueuse : les nombreuses guerres, la colonisation, les changements de gouvernement et la montée d’extrêmes religieux sont derrière le climat d’instabilité qui règne sur le territoire. Au milieu de tout ça, les femmes se voient privées de leurs droits. Depuis l’arrivée des talibans au pouvoir en 2021, les Afghanes sont obligées de cacher leur visage en public, l’accès à l’éducation après 12 ans leur est refusé, les déplacements hors de leur domicile sont contrôlés, etc. Malgré ce climat de violence et de répression, ces femmes continuent de faire preuve d’un courage qui force le respect.

La Pill Force et l’avortement

Le droit à l’avortement en Afghanistan est refusé aux femmes, mais ce n’est pas parce que c’est illégal que cela ne se produit plus… Avant 2021, si une femme avait besoin d’avorter, elle pouvait compter sur la Pill Force. Un mouvement mené par Layle, une jeune femme d’une vingtaine d’années, pleine de courage, qui à l’aide des autres membres, distribuait des pilules dans les universités pour les femmes ayant besoin d’avorter. Caché dans les toilettes gardées par les membres de la Pill Force, l’avortement pouvait avoir lieu à l’abri des regards indiscrets.

 

Un mouvement bien organisé 

Layle et la Pill Force avaient bien compris qu’il fallait se faire le plus discret possible. L’organisation avait fait preuve d’une grande ingéniosité pour parvenir à faire entrer les pilules sur le territoire afghan. Elles les faisaient venir d’Europe, par l’intermédiaire de journalistes ou d’expatriés qui ne risquaient pas d’être interpellés par le gouvernement afghan. Sans étiquette, les boîtes de pilules étaient non identifiables ce qui garantissait une protection supplémentaire si elles venaient à être interceptées. Une fois arrivées à destination, elles étaient cachées sous les burkas des membres de la Pill Force et étaient distribuées au sein des lycées et des universités, notamment à Kaboul, aux filles dans le besoin. Cela n’était cependant pas sans risque pour les filles qui consommaient les pilules. Sans supervision médicale, il était compliqué d’évaluer la dose de médicaments qui convenaient à chaque situation, ce qui pouvait mener à des hémorragies et donc à la mort. Mais pour ces jeunes femmes, une grossesse non voulue valait le risque de mettre en péril leur vie.

Et maintenant ? 

En Afghanistan, la culture du crime de l’honneur est très présente. Une fille qui ose aller à l’encontre de ce qu’on attend d’elle risque souvent d’être assassinée par un membre de sa famille. Malheureusement ce fut le cas de Layle, tuée par son frère en 2018. Il fut jugé et incarcéré pour ce crime mais relâché par les talibans à leur arrivée au pouvoir. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de la Pill Force, totalement démantelée par le groupe terroriste.

 

Si les talibans ont réussi à détruire la Pill Force, ils n’ont cependant pas réussi à briser les envies de libertés des femmes afghanes. Elles continuent à essayer de faire entendre leur voix en manifestant, et ce, même si leur vie est en jeu.

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