Après leur écrasante victoire contre les Titans, Zeus et les autres dieux s’installent dans leur palais construit par les Cyclopes sur le Mont Olympe et s’attellent à mettre de l’ordre dans ce nouveau monde… Mais une nouvelle prophétie risque bien de mettre en péril cette belle harmonie.
Alors que Zeus profitait de sa nouvelle position, il reçut une visite à laquelle il ne s’attendait pas : sa grand-mère Gaïa. Elle ne venait sûrement pas pour féliciter son petit-fils (elle n’avait pas digéré la punition subie par certains de ses enfants Titans), mais elle voulait le mettre en garde : si Métis, sa femme, venait à lui donner un fils, il surpasserait son père et l’évincerait du trône (un peu redondante cette histoire, non ?). Zeus s’inquiéta d’autant plus que Métis, le soir même, lui apporta la « merveilleuse » nouvelle qu’elle attendait un enfant. Bien qu’il était hors de question de laisser cet enfant prendre sa place, Zeus se voyait mal manger le propre fruit de son amour pour Métis. Il réfléchit donc à une façon d’empêcher cette naissance… Mais comment tromper Métis, la plus sage de tous ?
Pour parvenir à ses fins, Zeus décida d’organiser un concours de transformations. Il annonça que celui ou celle qui le surpasserait dans ce domaine pourrait prendre sa place de maître de l’Univers. Certains y virent un piège et refusèrent de participer, notamment Poséidon et Hadès. Métis, elle, y vit un moyen de prouver sa valeur. Et puis, Zeus n’oserait tout de même pas s’en prendre à son épouse enceinte ?
Le concours commença. Zeus se changea tout d’abord en pierre. Métis surenchérit en prenant l’apparence d’une cascade. Impressionné, le roi des Dieux se métamorphosa alors en montagne. Métis renifla dédaigneusement et laissa place à une mer déchaînée. Zeus hocha la tête et lança : « Il n’est pas aisé de se changer en élément de grande envergure… Mais la vraie difficulté ne réside-t-elle pas dans les choses infiniment petites ? ». Métis releva le défi et choisit de prendre l’apparence de la plus minuscule des gouttes d’eau. Zeus recueillit la goutte dans sa paume… Et félicita Métis pour avoir remporté le concours. Puis il l’avala.
Eh oui, que croyez-vous ? Que Zeus allait laisser sa place à Métis et qu’il allait en plus permettre à ce fils trop parfait de naître ? N’oubliez pas que la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre. (Aussi, si ce mythe vous est familier, c’est parce que Charles Perrault s’en est largement inspiré pour son œuvre du « Chat Botté »). A partir de ce jour, Métis devint la petite voix qui aiderait Zeus à discerner le bien du mal dans chacun de ses jugements.
Se retrouvant sans femme, Zeus se remaria avec Thémis, une autre Titanide qui avait rejoint son camp durant la Titanomachie. Cette dernière lui donna des filles, dont les Heures (personnifiant le temps), Astrée (personnifiant la Justice) et les Moires. Les Moires sont trois sœurs qui incarnent le Destin. La vie d’un individu est représenté par un fil : Clotho « la Fileuse » le tisse, Lachésis « la Répartitrice » décide de sa longueur et Atropos « l’Implacable » le coupe.
Mais, alors que Zeus se pensait loin de tout problème, un mal de tête vint troubler son existence. Il était d’abord léger et le dieu songea qu’il s’agissait peut-être de surmenage (oui, les dieux aussi peuvent être débordés de travail)… Mais quand la douleur devint intolérable, il sut que quelque chose n’allait pas. Ses souffrances l’aveuglaient et le rendaient agressif ; il lui arrivait de balayer une terre calme d’un ouragan sans aucune raison et, très vite, ses frères et sœurs s’inquiétèrent. Ne pouvant soulager son mal, Zeus supplia un des Cyclopes de lui donner un coup de marteau sur le crâne pour chasser la douleur (le Doliprane de l’époque dira-t-on). L’être obéit, et lorsque l’outil fendit le crâne du Dieu, une femme en armure, une lance à la main, s’en échappa. Elle était belle, son regard était sage et impérieux, et elle se présenta comme Athéna, déesse de la sagesse, des artisans et de la guerre réfléchie, fille de Métis et de Zeus. Son père, enfin libéré de son incommensurable douleur, fut ravi de voir que Métis lui avait finalement donné une fille et non un garçon comme l’avait annoncé Gaïa. Il fit de cette nouvelle enfant un nouveau membre du Panthéon Olympique.
Petite information : dans certains mythes, ce n’est pas un Cyclope mais Héphaïstos qui frappe Zeus avec un marteau… Mais en cela, ces mythes se contredisent eux-mêmes dans leur chronologie… Et pour vous l’expliquer, rien de tel que de raconter la naissance de ce cher Héphaïstos, qui, vous le découvrirez bien vite, n’a pas été toute rose !
Suite dans le prochain Instant Mytho !
Margaux Pradeau
Art par Justine Dehaese
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