Teahupo’o, sur la vague de l’olympisme

Choisie pour être le support de la deuxième épreuve olympique de surf à Paris en 2024, et validée par le CIO, la vague de Teahupo’o fait partie des incontournables du surf mondial. Redoutable et redoutée, mais surtout appréciée, la célèbre vague de Tahiti permettra donc d’associer pour la première fois l’outre-mer à l’organisation d’une épreuve olympique.  

 

« Ia ora na ! ». « Maeva ! » (Bonjour, bienvenue). C’est ce qu’entendront sans aucun doute les surfeurs en lice aux Jeux Olympiques de Paris en 2024, lorsqu’ils arriveront à l’aéroport de Faa’a, à Tahiti. A la descente de l’avion, ils prendront un bon coup de chaud, et poseront le pied à même le tarmac de l’aéroport international de l’île. Les colliers de fleurs, qui leurs seront offerts à leur arrivée, les plongeront instantanément dans l’univers de la flore polynésienne. Ici, les hibiscus poussent au bord des routes, et les fleurs de tiare se portent à l’oreille.

Au sortir de l’aéroport de Faa’a, il faudra rouler un peu pour rejoindre le PK.0 de Teahupo’o (point kilométrique 0). Traverser Punaauia, Paea, Papara, et les autres communes de la côte Ouest de Tahiti, pour trouver un des spots de surf les plus réputés au monde, qui couve l’une des vagues les plus belles, mais aussi une des plus dangereuse. Teahupo’o. Là, au bout de la route, nombre sont ceux qui se prennent en photo sur la stèle représentant la vague. 

 

Surf, premiers pas olympiques

C’est au Japon cet été, et avec une année de retard, que le surf fera ses premiers pas aux Jeux Olympiques sur la plage de surf de Tsurigasaki. Il fait partie des sports supplémentaires qui seront proposés à Tokyo, mais aussi à Paris en 2024. Et pour la première fois, un territoire ultra-marin accueillera une épreuve olympique : le spot de Teahupo’o a été retenu par le comité d’organisation des Jeux de Paris, puis par le Comité International Olympique (CIO), pour l’organisation de l’épreuve de surf, au détriment de La Torche, Biarritz, Hossegor et Lacanau. Sur la période où se tiennent les Jeux, la qualité des vagues est garantie. La semaine dernière, le 7 décembre, le CIO a définitivement validé l’ajout du surf comme discipline additionnelle en 2024, et donc sa tenue au Fenua (Le pays en tahitien, ici Tahiti). Au-delà des quelques 15 000 kilomètres qui séparent Tahiti de la capitale, les candidats au titre olympique de la discipline évolueront donc dans un fuseau horaire bien différent des autres sportifs qui prendront part aux Jeux. Qu’importe, la beauté du site en vaut la peine.

 

Belle mais redoutable

Mythique. Légendaire. Ce sont deux termes qui reviennent régulièrement pour parler de la vague de Teahupo’o. Les épreuves de surf dans le pacifique, c’est aussi un clin d’œil aux origines polynésiennes de la discipline. Le comité d’organisation des Jeux de Paris se réjouit par ailleurs de pouvoir proposer les épreuves de surf sur ce qu’il considère comme « l’une des plus belles vagues du monde ». Le choix est apprécié par les surfeurs, à l’image de l’américain Kelly Slater, onze fois champion du monde : « Délocaliser l’épreuve à Tahiti va apporter quelque chose de spécial à ces Jeux en France. C’est avec ce type de spot que le surf va être montré et honoré comme il se doit. Teahupo’o est un choix parfait », peut-on lire sur le site de Paris 2024. Puissante et épaisse, Teahupo’o est aussi belle que redoutable. En cause : le récif, à une faible profondeur, qui ne laisse pas le droit à l’erreur. En 2000, le surfeur tahitien Brice Taerea y est décédé après que sa tête ait heurtée le récif. Plus récemment le polynésien Michel Bourez s’y était blessé (une main et une vertèbre fracturées en 2015). 

 

Les femmes de retour à Teahupo’o 

Teahupo’o accueille chaque année depuis plus de 20 ans une épreuve internationale de surf. Mais depuis l’édition de 2006, les femmes n’y participaient plus. La vague du PK.0 avait été jugée trop dangereuse par l’organisation. A quatre ans des JO de Paris, où hommes et femmes doivent concourir sur le même site, et quatorze ans après la victoire de l’Australienne Melanie Redman-Carr, la WSL (World Surf League) annonce donc le retour d’une épreuve féminine en 2021 sur l’île de Tahiti dans le cadre du Championship Tour. Au début de l’année, la surfeuse française Johanne Defay découvrait la célèbre vague de Teahupo’o pour sa préparation olympique. Le verdict est sans appel : « c’est incroyable ».  A l’occasion, la Fédération Française de Surf est revenue en vidéo sur ce stage, et nous permet de voir plusieurs surfeurs évoluer sur le spot. 

 

https://youtube.com/watch?v=0DMujB6F9Fs%3F

 

Le surf olympique à Teahupo’o, c’est la garantie d’images exceptionnelles, et de paysages à couper le souffle. Ce pourrait être aussi, pourquoi pas, l’occasion de voir des surfeurs polynésiens évoluer à domicile. Le natif de Rurutu, Michel Bourez est d’ores et déjà qualifié pour les JO de Tokyo, alors que la locale Vahine Fierro était en stage en novembre à Tahiti avec le Collectif France Féminin en vue de la sélection pour les mondiaux ISA, qualificatifs pour les prochains JO. Il reste alors trois ans au spot polynésien de Teahupo’o pour se préparer à accueillir le gratin du shortboard mondial et les anneaux olympiques, en espérant, bien sûr, que le site, sa population et son écosystème seront respectés et préservés. 

A bientôt, Teahupo’o. 

 

 

Mathilde Soulon

 

Crédits photo : BRIAN BIELMANN / AFP  –  Mathilde Soulon  –  AFP

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