Objet d’art, de lutte, de revendications, incarnant la féminité ou encore l’égalité, la mode est aujourd’hui un pouvoir et rien ne l’arrête, pas même la COVID. Dans ce contexte incertain, elle se refait une beauté et jongle avec l’actualité. C’est ainsi que s’est déroulée la Paris Fashion Week du lundi 28 septembre au mardi 6 octobre. Retour sur les dernières nouveautés et l’organisation compliquée d’un tel événement dans ce contexte, mais aussi sur le rôle que la mode joue aujourd’hui dans nos cultures.
Décontracté, la nouvelle tendance
Après le confinement et les vacances d’été, plus question de se sur-habiller. Nous passons beaucoup plus de temps à la maison, oscillant entre télétravail et loisirs, et plutôt que le jogging, les créateurs ont repensé le style vestimentaire sur une base plus « chill ».
Premier mais pas des moindres, c’est Dior qui ouvre le bal le 29 septembre. Rendez-vous au Jardin des Tuileries pour ce premier défilé. Dans un chapiteau aux airs de cathédrale sur fond de chants a capella, c’est une collection aux imprimés floraux et aux tons très méditerranéens que l’on découvre.
Haut en couleur, Balmain revisite son histoire à travers le flashy des années 90 tout en mettant à l’honneur les femmes et leur élégance peu importe l’âge. Kenzo opte plutôt pour un défilé en extérieur respectant ainsi la distanciation sociale tout en réinventant le terme « masqué » à travers des tenues rappelant celles des apiculteurs.
En marge de la Fashion Week mais sur le même thème, c’est le Etam Live Show qui avait lieu le même jour juste devant sa boutique située boulevard Haussmann, afin de présenter sa nouvelle ligne de lingerie. Invités triés sur le volet et chanteurs célèbres, voilà un défilé qui ne manquait pas d’ambiance.
Premier octobre, c’est la maison Chloé qui est à l’honneur, avec une touche d’originalité cette année. En effet, un double dispositif a été mis en place avec un défilé physique sur le parvis du Palais de Tokyo, mais aussi des mannequins, filmées et retransmises, vaquant à leurs occupations sur les quais de la Seine.
Rejoignons maintenant le Palais-Royal pour un défilé rythmé par la danse. Couleurs épurées mais éveillant le regard et tenues plus décontractées, c’est signé Isabel Marrant.
Samedi 3 octobre, au Tennis Club de Paris, Hermès nous présente aussi une collection aux couleurs très sobres. Tout comme Ami le soir-même, où élégance et modernité sont de mise.
Pour le dernier jour de cette Fashion Week, nous retrouvons Chanel sous la verrière du Grand Palais pour un hommage au cinéma, où les lettres géantes de Chanel rappellent celles d’Hollywood. Sans doute le défilé le plus attendu de cette saison, c’est Louis Vuitton qui clôture cette Fashion Week 2.0 à La Samaritaine, grand magasin parisien historique qui rouvre après 15 ans de rénovation. Mais entre vêtements non-genrés, XXL et une multitude de couleurs, c’est dans sa version vidéo que le défilé prend tout son sens. En effet, les immenses écrans verts ont permis la diffusion d’images de cinéma. Mise en scène signée Nicolas Ghesquière.
Le masque, le must have de cette année
Coronavirus oblige, l’accessoire le plus vu aux défilés cette année, c’est bien le masque. En effet, cette Fashion Week se déroule dans un contexte très particulier et surtout sous un protocole sanitaire strict. Là où défilent normalement de nombreux créateurs, seulement 19 maisons ont maintenu leur défilé sur les 84 présentant leurs collections.
Des défilés numériques, voilà la véritable innovation de cette année. À côté des défilés physiques, beaucoup d’autres sont diffusés sur les réseaux sociaux (notamment Instagram et Tik Tok) ou sur internet.
Les maisons ayant maintenu leur défilé physique ont aussi opté pour le « phygital » : moitié physique, moitié digital. Et de ce côté-là aussi, l’originalité ne manque pas. Tandis que de nombreuses célébrités étrangères n’ont pas pu faire le voyage jusqu’en France, les marques ont pallié ce manque. Ainsi, on a vu au défilé Balmain, un premier rang totalement remplacé par des écrans où les invités apparaissaient depuis chez eux.
Concernant le protocole, ce sont aussi les capacités d’accueil qui ont été revues à la baisse. Exemple, chez Dior, seulement 350 personnes ont assisté au défilé contre 1500 habituellement. Chez Ami, le défilé s’est fait sur les quais de Seine tandis que les invités embarquaient sur un bateau, pas très pratique d’apprécier le défilé de si loin.
Mais alors que plusieurs défilés prévoient une distanciation sociale entre invités (Louis Vuitton, Kenzo…), elle n’est pas au rendez-vous chez d’autres malgré un nombre d’invités moins important. Chez certaines marques, tout a été pensé dans le détail. En effet, chez Chanel, tout le défilé est pensé pour que les mannequins ne se croisent pas.
Bref, l’obstacle du coronavirus et de ses protocoles a été surmonté et n’a pas empêché de laisser la magie de la Fashion Week s’exprimer.
Une mode de plus en plus engagée
L’actualité, ce n’est pas seulement le coronavirus, et on l’a bien compris au cours de cette Fashion Week. Tandis que les réseaux sociaux deviennent le terrain de nombreuses revendications, celle de la mode responsable n’y a pas échappé. On a ainsi vu un défilé avec des tenues faites à 69 % de tissus recyclés chez la marque Koché. Mais Dior n’a pas échappé à une action du mouvement écologiste « Extinction Rebellion » où une activiste brandissant une pancarte « Nous sommes tous victimes de la mode », s’est invitée au défilé.
Dans le thème de l’environnement, Kenzo rend un bel hommage aux abeilles avec ses tenues d’apiculteur aux imprimés floraux.
De plus, à l’heure où la question des genres est beaucoup évoquée, les collections présentées se rapprochent peu à peu d’une norme non-genrée, entre chemises XXL, vêtements amples et couleurs neutres, plus question de garder une frontière entre les genres.
Mais le plus marquant aura sans doute été la tenue d’ouverture du défilé Louis Vuitton et son pull marqué de l’inscription « Vote », référence évidente aux élections présidentielles américaines ayant lieu début novembre.
En somme, la mode, en constante évolution, ne se contente plus de nous habiller, mais devient aussi un véritable moyen d’expression.
Célia Ory
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Étudiante en troisième année d’information & communication, passionnée d’actualité et de culture, intéressée par le monde & les gens, je souhaite rejoindre la grande famille des journalistes.