Mer plate pour les Surfeurs de haut de niveau

Mer plate pour les Surfeurs de haut de niveau

La crise sanitaire liée à la propagation du Covid 19 a bouleversé le quotidien des sportifs de haut niveau. Les témoignages des surfeurs, issus de diverses régions de France expriment l’ensemble des contraintes supplémentaires qu’ils doivent gérer depuis deux ans : quotidien bouleversé, pratique sportive interrompue, compétitions annulées, stress chronique,…

 

Du jour au lendemain, en mars 2020, la France entière se retrouve confinée à domicile, sans pouvoir sortir ni même faire du sport. Si pour certains cela fut une parenthèse qui leur a permis de se découvrir de nouvelles passions, ce ne fut pas la même chose pour tous. Parmi la population la plus marquée par ce confinement strict, les sportifs de Haut niveau se sont retrouvés coincés entre quatre murs à tourner en rond. Comment l’ont-ils supporté ? Comment ont-ils adapté leur préparation sportive ? Et quelles en sont les conséquences ?
Nous avons rencontré à ce sujet deux jeunes surfeurs martiniquais de haut niveau: Lise, âgée de 16 ans et Maël, 18 ans, ainsi que la coordinatrice du Pôle Espoir Surf Martinique, Véronique Flamand.

 

Emploi du temps formalisé

Pour tous les trois, l’organisation a été la clé de leur réussite. Elle leur a permis de ne pas s’ennuyer et d’optimiser leur temps tout au long de la journée, jour après jour. Pour tenir, Lise faisait un planning strict de ses journées ; matin : devoirs, après midi : entraînement physique, skate ou encore elle regardait des vidéos de surf et échangeait avec ses amis. « Je faisais cela pour garder la forme mais aussi la motivation.» En effet, l’annonce du confinement a porté un coup dur au moral des sportifs. Au début, il n’y avait plus aucune motivation car elle voyait le confinement comme l’arrêt de tout. Par la suite, le planning l’a aidé, bien qu’à la fin il lui était difficile de ne pas pouvoir aller surfer car « on ne voyait plus le bout ». Quand le confinement s’est terminé, elle était « soulagée et joyeuse ». La reprise s’est bien passée grâce aux entraînements physiques qui lui ont permis une progression forte et rapide.

Préparation physique de substitution

Maël, quant à lui, utilisait des fiches faites par le Pôle France. Nous l’avons interrogé sur ses ressentis : « Le confinement modifie la façon de s’entraîner.» Au début beaucoup de surfeurs, même les plus forts, voient le surf comme un sport où il suffit de prendre des vagues et d’aller surfer pour s’améliorer et ensuite performer lors des compétitions, comme par exemple Mick Fanning (un surfeur professionnel que Maël admire beaucoup) : « Au début, il s’entraînait énormément en surf mais ne faisait pas du tout d’entraînements physique et pas de supers résultats. Le jour où il a vraiment fait des entrainements physique il a commencé à performer.» L’arrêt brutal des entraînements techniques, et l’interdiction d’aller surfer, ont permis aux surfeurs de revisiter la pratique de leur sport. L’entraînement physique est donc devenu beaucoup plus important. Il est à présent une vraie part de la préparation globale d’un sportif et non plus seulement un complément, au même titre que la préparation mentale.

 

Palier l’absence de surf

En plus du confinement, les surfeurs ont subi le report et l’annulation de beaucoup de compétitions tout au long de l’année. De même les voyages prévus et programmés depuis longtemps sont finalement repoussés ou abandonnés. Maël nous raconte : « C’est compliqué de garder la motivation car il n’y a pas de compétition. On se prépare toute l’année pour qu’au final ils annulent tout. Heureusement, dès que les compétitions ont repris, j’ai eu des titres. Ça s’est très bien passé donc ça m’a remotivé.» Lise l’a elle aussi très mal vécu : « J’ai besoin d’expérience pour continuer à avancer et progresser dans mon projet sportif.» Le classement fédéral de surf, quant à lui, a été gelé. C’est-à-dire que durant 1 an les sportifs n’ont pu gagner de points. Cela les mettait à égalité et leur permettait de ne pas stresser encore plus. « Tout le monde est au même niveau.»

Les Pôles ont donc réagi avec les moyens du bord et ont programmé de nombreux exercices et rendez vous avec leurs sportifs. Le Pôle Espoir Surf Martinique s’est appuyé sur des techniques de visualisation et de gestion du stress et des émotions. Ce travail était fait en collaboration avec la psychologue chargée de leur suivi mental. Ces visios étaient une part importante de la journée de Lise : « Elles m’aidaient beaucoup à me recentrer sur moi-même. J’utilise toujours les techniques apprises pendant ce confinement, lors de gros événements comme une compétition ou un examen.»

« Il y avait une excellente adhésion des jeunes, jamais d’absence» nous dit Véronique Flamand, coordonnatrice du Pôle Espoir Surf Martinique. « Ils avaient besoin d’avoir quelque chose de concret. En effet, un confinement est impensable par rapport à la pratique du haut niveau. Il ne faut pas qu’il y ait de rupture ou très peu dans leur préparation . Ainsi, nous avons dû construire un dispositif pour pratiquer autrement et associer la visualisation (prépa mentale) à la préparation physique dans le cadre de visios avec les jeunes. Celles-ci étaient basées sur l’analyse technique de vagues du surfeur projetées sur l’écran partagé afin de préparer la visualisation. Certains exercices de préparation physique venaient conforter la visualisation pour ancrer les ressentis.»

Un an et demi après, les jeunes relativisent la situation qu’ils ont vécu et gardent le meilleur de cette expérience qui les a ouvert à d’autres façons de s’entraîner : Pour Maël : « Maintenir les entraînements physiques puis avoir un retour à la normale suivi de résultats m’a permis de garder la motivation. Je ne vois pas encore d’impacts négatifs, au contraire. Ce confinement forcé m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses. C’est un mal pour un bien. S’il y a encore un confinement, ce que je ne souhaite pas pour autant, je serais prêt et je saurais quoi faire.» Lise constate : « Grâce au Pôle j’ai pu garder une bonne forme physique et mentale. Le fait qu’il y ai un vrai suivi m’a beaucoup aidé. Le Pôle donnait des fiches mais c’est moi qui m’entraînais. J’ai donc beaucoup plus d’autonomie. À présent, je sais de quoi je suis capable et quelles sont mes limites.»

L’expérience positive du Pôle Espoir Surf montre qu’il est possible de s’adapter et même de développer une nouvelle base de travail. Il serait donc possible de s’appuyer sur les expériences acquises lors du confinement lors des périodes d’absence de pratique, blessure, saison, études.

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