Sex Education : la nouvelle saison arrive en territoire conquis

Ce vendredi 17 Janvier dernier sortait la deuxième saison tant attendue de la série Netflix Sex Education. Il n’avait fallu que huit épisodes à la saison une, sortie en janvier 2019, pour séduire l’audimat, plaçant Sex Ed’ en troisième série la plus regardée en France sur Netflix, derrière La casa de Papel et The Witcher. La suite des péripéties de ces jeunes lycéens anglais connaît effectivement un franc succès en convaincant médias et publics. C’est en assumant pleinement son rôle instructif que la série événement est souvent qualifiée de vitale et nécessaire dans la construction des adolescents. Développement intérieur, questionnement sur l’orientation sexuelle et ses pratiques, vie sentimentale et familiale, telles étaient les problématiques évoquées dans les premiers épisodes. La deuxième saison, elle, semble soulever des thèmes parfois plus profonds. Zoom sur les raisons du succès grandissant de cette nouvelle sortie.

(Attention, possibles spoilers)

 

La série de Laurie Nunn et Ben Taylor était un pari original et risqué puisqu’elle abordait deux thèmes complexes : l’adolescence et le sexe. C’est dans une atmosphère anglaise provinciale typique que nous suivons Otis Milburn, lycéen de 16 ans au lycée Moordale, vierge et quelque peu bloqué avec sa sexualité, ce qui inquiète sa mère, Jean, sexologue excentrique. A l’âge des premières expériences, ses camarades lycéens ont plus que jamais besoin de conseils et de réponses à leurs questions. Par hasard, l’adolescent découvre qu’il est plutôt doué pour conseiller les autres sur le sexe et les relations amoureuses. Poussé par la rebelle Maeve Wiley en besoin d’argent, Otis va monter un cabinet de sexologie, secret des adultes, au sein de son lycée. Au fil des épisodes, nous pouvons le suivre dans ses péripéties et ses rendez vous clandestins, accompagné des personnages attachants de Eric, son meilleur ami gay, Maeve, Aimee et tout un tas d’autres adolescents en quête de réponses.

Voir plus loin, la clé du succès

Pour cette deuxième saison, nous retrouvons Otis et ses amis direction Moordale High School pour la rentrée, impatients d’avoir le dénouement de certaines intrigues laissées en suspens à la fin de la première saison. C’est plus confiant et à l’aise que l’on retrouve le personnage principal, qui découvre doucement et un peu maladroitement les relations amoureuses avec sa copine, Ola. Le premier épisode opère une rapide entrée en matière, puisque qu’une épidémie de chlamydia se répand au sein du lycée. Ayant arrêté les thérapies après une dispute avec Maeve, c’est le moment pour Otis de se remettre en selle. Apparaissent ainsi petit à petit tous les personnages connus de la première saison et nous suivons alors leurs intrigues, leurs explorations d’ados toujours agrémentées d’humour.

Cependant, c’est avec l’arrivée de nouveaux personnages comme la mère toxicomane de Maeve ou la femme délaissée du proviseur Groff, que de nouvelles intrigues surviennent, soulevant alors des problématiques différentes. En effet, Sex Education qui témoignait du quotidien et de la vie sexuelle des adolescents ouvre son champ au monde des adultes, et c’est un succès.

Effectivement, la série pionnière en matière de sexe éducatif avait déjà réussi le pari de convaincre les jeunes générations car l’identification à certains personnages était presque automatique. Cependant, l’univers restait relativement basé sur le monde des adolescents. En insistant sur la vie des adultes de la série (parents des personnages, professeurs) leur vie de couple et leurs responsabilités, la série Netflix tend à séduire un public plus large, multi-générationnel et donne une dimension plus sérieuse au scénario.

Sex Education gagne également des points auprès de l’audimat en abordant des sujets plus profonds, faisant alors un écho puissant avec la réalité. Le combat contre la toxicomanie, l’abandon parental, l’acceptation de soi, leslut shaming et le harcèlement, mais également les agressions sexuelles et le féminisme sont au menu de cette nouvelle saison, laissant paraître la volonté de la production d’inclure des phénomènes de société au sein du scénario. La série ne traite pas seulement de sujet légers et n’est pas tout le temps drôle, elle ressemble au quotidien.

C’est cette toute nouvelle dimension qui apporte un succès grandissant à la série britannico-américaine.

Avant tout utile

Son succès est également dû à son rôle pouvant être qualifié d’utilité publique. Effectivement, l’éducation sexuelle est abordée parfois de manière très explicite ainsi que les problèmes de la vie, mais à travers des personnages attachants, un scénario ficelé et rempli de rebondissement où l’on ne s’ennuie jamais. Cela paraît plus attractif que des cours d’éducation sexuelle que l’on peut recevoir dans le cadre scolaire. Sex Education joue, comme son nom l’indique, un rôle éducatif primordial pour les jeunes générations. Selon Adam Sage, correspondant parisien du journal emblématique The Times, cette série est “applaudie par les sociologues et les psychiatres, encensée par les critiques car, selon eux, la série aidera les adolescents qui pataugent au début de leur vie sexuelle.”

 

Voir plus grand

Et Netflix ne s’arrête pas là. Si la série Sex Education prend aussi le rôle de briser les tabous autour de la sexualité, la plateforme de streaming voulait poursuivre cette idée dans la réalité en mettant à disposition du public un manuel d’éducation sexuelle gratuit et disponible sous inscription.

Réalisé par la photographe et vidéaste Charlotte Abramow, connue pour la réalisation des clips de la chanteuse Angèle, nous pouvons retrouver Emma Mackey (actrice de Maeve Wiley) sur chacune des photographies du manuel, alors égérie du projet. Les photographies trônent aussi fièrement sur les panneaux publicitaires et à la sortie des bouches de métro, ou certaines illustrent une culotte tachée de sang. C’était aussi important pour Charlotte Abramow de casser les tabous sur les règles à travers cette campagne de vulgarisation : «Quelqu’un peut saigner du nez mais pas de la chatte, or les règles ça arrive à la moitié de la population» déclare-t-elle dans une interview de Brut.

La vulgarisation du sexe dans ses pratiques mais également dans l’information et l’éducation des populations étaient les objectifs de cette campagne menée par Netflix. La jeune photographe, qui en est la porte parole, évoque une forte portée féministe : “à travers cette campagne, j’essaie de faire passer des messages, de soulever l’interrogation sur les injustices, re-questionner les représentations et les normes sur le sexe”, explique-t-elle.

Plus de 75 000 exemplaires de ces manuels sont disponibles gratuitement.

 

 

Le message est passé. Sex Education saison 2, c’est une des séries à ne pas manquer en ce début d’année 2020. A travers beaucoup de rires et quelques larmes, la jeune série Netflix ébranle les codes et insuffle le progrès. A vos écrans !

 

Crédits photos :

Madmoizelle
Netflix

Charlotte Abramow
France Inter

Elora Ditta

Partager

Elora Ditta

Étudiante en Information-Communication, wannabejournaliste en concrétisation, fort penchant pour la vidéo, podcasts et reportages. Compte bien faire ses preuves en presse écrite. Contact : elo.ditta@gmail.com