Les rattrapages de l’été : juillet 2019

1er juillet. L’été, et les vacances qui vont avec, ne sont plus une promesse qu’on attend au coin du feu ou derrière la fenêtre. L’heure est au plongeon absolu dans un grand bain ensoleillé. Les saisonniers, eux, se pressent le long des côtes pour vite prendre le coup de main. « Vous servez des spritz ? », « On peut avoir un brumisateur solaire? », « C’est possible une salade sans salade ? ». Ils devront avoir les nerfs solides, ces petits travailleurs en quête de finance d’études. Parcoursup a encore fait des siennes cette année, en plus des correcteurs du bac en grève. 100 000 copies sont retenues en otage jusqu’au 8 juillet.

Le premier du mois est un lundi, jour rêvé pour lancer les traditionnelles revalorisations de tarifs en tous genres. Entrez dans la valse des nombres. +2% pour le SMIC, c’est charmant, et c’est tout aussi dansant que +2% pour les allocations chômage. La SNCF s’offre encore le temps d’une prochaine augmentation pendant que les prix du gaz baissent de 6,8%. 100 petits euros de prime pour 30 000 urgentistes, c’est troublant, et beaucoup moins plaisant que 30 jours de congés pour la paternité.

Lui n’est pas le père des Belges mais bien leur roi incontesté. Eddy Merckx donne le départ du 106e Tour de France depuis Bruxelles. Un hommage au quintuple vainqueur de l’épreuve, cinquante ans après la première d’entre elles. Et si cette fois c’était leur tour ? Celui de nos besogneux coureurs français malheureux. Froome, Roglic, Dumoulin absents, Thomas vainqueur de l’an dernier est présent mais pas au top. Il y a des surtout des frenchies affamés. Les téléspectateurs se ruent chaque après-midi sur leur télécommande car ils le sentent : c’est la bonne. On a faim de domination tricolore. La mania émerge de celui qu’on n’attendait pas idéalement. Julian Alaphilippe prend le maillot jaune et le magnifie. Il se bat pour lui, donne de son talent, au paroxysme de son métier de coureur. Même quand il le perd c’est pour le conquérir à nouveau deux jours plus tard et ne plus le lâcher. Bardet hors concours et Pinot soudainement abattu par une blessure foudroyante, il ne reste que Juju. Il est un phare jaune qui brille même en haute altitude. La fin de l’histoire ? Deux étapes de trop où les jambes ne portent plus leur homme. Alaphilippe termine 5e à Paris. Le jeune colombien Egan Bernal l’emporte. Julian, on aimerait te reprocher d’avoir donné trop d’énergie trop tôt mais on ne peut pas. Merci pour le spectacle !

Il y a le spectacle de ceux qui pédalent sur l’asphalte et le spectacle de ceux qui pédalent dans la choucroute des affaires politiques. Un marasme toxique qui remet, le 10 juillet, un coup de massue au fil mince de la confiance entre élus et citoyens. De Rugy pouvait-il manger du homard et des vins classieux en galante compagnie, aux frais du contribuable, sans risquer un conflit éthique ? Définitivement non quand on sait en plus que le président de l’Assemblée Nationale avait rénové son appartement ministériel avec le flouz’ de la populace. Mediapart a dénoncé (et gagné), François, après avoir transpiré, démissionne le 16 juillet. En marche out.

Puis c’est la France entière qui se met à transpirer. Après un 14 juillet explosif de couleurs où un homme casqué a même volé sur les Champs-Élysées, le gros du coup de chaud se fait sentir dès le 21. La canicule bat son plein. 41 degrés à Bordeaux le 23 juillet, les chocolatines fondent gavé. 42 à Paris deux jours plus tard, les pains au chocolat n’existent pas. Et puis quand ça chauffe trop ça brûle. On sait regarder ailleurs mais là quand même on ne peut plus détourner nos yeux médiatiques : l’Amazonie part en fumée. 2255 kilomètres carré partent en cendres rien qu’en juillet, 7000 pour l’année, soit le département du Finistère. Nom d’un biniou. Au passage, juillet a été le mois le plus chaud jamais enregistré dans le monde.

On en parle mais ce n’est pas vraiment une surprise ce climat fou. L’actu est parfois prévisible. Le 23 juillet, Boris Johnson est élu Premier ministre du Royaume-Uni. Partisan d’un Brexit jusqu’au-boutiste, « BoJo » veut décamper de l’Europe au 31 octobre, accord ou pas. Inquiétude pour l’UE : ce nouveau blondinet au style phrasé trumpiste, n’a pas l’air de prendre à cœur le sujet, balayant deux ans d’âpres négociations. Bruxelles grince des dents pendant que le CETA s’invite à l’Assemblée nationale. Le tant redouté traité commercial Europe-Canada est validé par nos députés, 266 voix pour, 213 contre. Les agriculteurs s’inquiètent de voir débarquer sur leurs terres des produits cariboutés avec on ne sait pas trop quoi.

Dans ce mois tourbillonnant, on n’oubliera pas deux personnes. Vincent Lambert, symbole malgré lui et image des débats passionnés sur la fin de vie, perd la seule étincelle qui lui restait. Après 10 ans de soins intensifs, l’infirme ancien infirmier disparaît le 11 juillet. Les défenseurs des traitements sont en émoi, ils n’ont plus d’emblème pour leur cause. Le débat continue.

Mais où est passé Steve ? Il était l’une des 15 personnes à avoir plongé dans la Loire à la suite d’une intervention policière le soir de la fête de la Musique à Nantes. 14 d’entre elles sont repêchées, le corps de Steve est retrouvé le 29 juillet. La colère anti-flics se cristallise autour de l’affaire. Mais déjà l’on change de mois et le dossier n’est plus le même. D’un mois à l’autre, les fichiers se perdent.

Maxime Giraudeau

maximegir17@gmail.com

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