Le poumon vert de la planète s’asphyxie

110 terrains de football par heure ! C’est la vitesse impressionnante à laquelle les incendies dévastateurs se sont propagés dans la forêt amazonienne au cours de l’été. Le “poumon vert” de la planète est au cœur de l’actualité et des débats internationaux depuis plusieurs mois. Ces feux sont devenus une crise mondiale puisque, lors du sommet de l’ONU pour le climat à New York le 23 septembre, un appel à la mobilisation pour sauver l’Amazonie a été lancé à travers la planète entière. Puis, le sujet est revenu sur la table lors du G7 qui s’est déroulé à Biarritz fin août.

Des chiffres effrayants

Les incendies dont la forêt amazonienne est victime depuis plusieurs années voient leurs chiffres augmenter de 83% entre 2018 et 2019 s’élevant ainsi à 75 000 depuis le début de l’année. De même, selon l’Institut national de recherche spatiale (INPE), en juillet 2019, la déforestation amazonienne au Brésil aurait progressé de 278% par rapport à juillet 2018 ! Elle menace fortement aussi bien le climat, que la biodiversité et les peuples autochtones.

Considéré comme la plus grande forêt tropicale sur la planète – un tiers de la surface totale de forêts tropicales au monde – cet espace produit 20% de l’oxygène sur terre et capte 10% du CO2. Agissant ainsi comme un puit de carbone, sa destruction entraînerait un réchauffement climatique d’envergure. De plus, cet espace abrite 10% de la biodiversité mondiale. Celle-ci, très riche dans cette partie du monde, reste en grande partie toujours inconnue. Dans un hectare de l’Amazonie, entre 100 et 150 espèces d’arbres y trouveraient racine. Parallèlement, dans une forêt française par exemple, la diversité des arbres ne dépasserait pas 10 espèces. Elle représente un refuge important pour plusieurs espèces animales en voie d’extinction comme le jaguar ou le dauphin rose. De même, les communautés locales se voient contraintes de quitter ces terres qu’elles habitent depuis des décennies. Et nous parlons ici de 34 millions de personnes !

Jair Bolsonaro est-il une menace pour l’Amazonie ?

L’Amazonie est victime de feux de forêt depuis des années maintenant, mais ces derniers mois, ces brasiers se sont intensifiés de manière impressionnante, principalement dans un but de déforestation. Avec l’arrivée au pouvoir du président brésilien Jair Bolsonaro le 1er janvier 2019, beaucoup s’interrogent sur sa responsabilité. Il est pointé du doigt tant sur la scène internationale par les dirigeants étrangers, que sur les réseaux sociaux où l’actualité relative au cœur vert de la planète est relayée en masse. Bolsonaro est-il une menace pour l’Amazonie ?

Tout d’abord, il faut savoir que sur les 9 pays qui se partagent l’Amazonie – Colombie, Pérou, Bolivie, Equateur, Surinam, Guyana, Venezuela, Guyane Française et Brésil – le Brésil abrite 60 % de sa surface totale. Les incendies volontairement provoqués visent à faire place à l’installation d’élevage bovin et de cultures. Il peut cependant arriver que ces feux de forêt se propagent bien au-delà des zones prévues par manque de contrôle et de prévention. Le chef d’état a présenté dès sa campagne électorale son soutient à l’agro-industrie, et a montré à plusieurs reprises son hostilité face aux peuples autochtones. En effet, une des premières causes de la déforestation de l’Amazonie brésilienne reste l’industrie du soja et celle du bœuf. 65% à 70% de la surface déboisée sont utilisés comme pâturages pour les élevages et 25 à 30% pour l’agriculture (principalement le soja). Actuellement, des lois sont en train d’être discutées pour affaiblir le droit forestier et donc rendre la déforestation encore plus légale. De plus, les budgets accordés aux agences et organisations qui s’occupent de la préservation de la forêt amazonienne ont été diminués.

Des peuples autochtones en danger 

La déforestation fait rage et avec elle s’effondre la biodiversité et la vie de 3 millions d’indigènes dont le destin est lié à la nature. Alors que ces peuples autochtones tentent de perpétuer leurs coutumes ancestrales, leur survie est menacée. Si la forêt constitue leur abri, ils se nourrissent et se soignent aussi grâce à ses ressources : ce sont les derniers chasseurs-cueilleurs de la planète. L’enjeu est donc de renforcer le pouvoir de ces peuples pour leur permettre d’affirmer leurs droits et de protéger leur territoire. Pour cela, des organisations visant à empêcher l’anéantissement de ces communautés se créent. Parmi elles, on retrouve notamment Survival International, mouvement mondial pour les droits des peuples autochtones ou encore Planète Amazone, ONG de défense de ces peuples. Amnesty International et Greenpeace ont également fait de ce sujet une de leurs luttes principales. Défendre les peuples autochtones est une nécessité morale mais aussi une méthode efficace pour préserver la biodiversité et protéger l’Amazonie. Le chant de la vie s’éteint ainsi, petit à petit pour laisser la place au son assourdissant des machines et à la recherche de production toujours croissante des hommes.

Cette année, l’Amazonie a notamment était le fil conducteur du festival d’« écomobilisation » Climax, se déroulant chaque année à l’espace Darwin à Bordeaux, dès le début de septembre. Autour du thème « l’Amazonie ou le déracinement du monde », des conférences se sont tenues, de même que des concerts, des projections et des performances artistiques, sous les yeux d’une délégation de chefs autochtones amazoniens.  Parmi eux, se trouvait Raoni Metuktire, tête d’affiche du festival et figure internationale de la lutte pour la préservation de la forêt amazonienne et la culture indigène qu’elle abrite. A 89 ans, Raoni est le grand chef du peuple Kayapo, vivant sur la partie brésilienne de l’Amazonie, et ambassadeur sur les sujets de déforestation et de culture indigène.

Pour soutenir la voix de ces peuples, des milliers de personnes n’hésitent pas à faire entendre leurs propres voix lors de manifestations et de marches pour le climat autour du globe.

 

Léandre BOUFFARD

Crédits photo : WWF / Reuters- Adriano Machado / Darwin.camp / AFP

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Léandre Bouffard

Etudiante en double licence Info com / LLCER Espagnol et spécialisée dans la rubrique International.