Musique, radio et argent ne font pas toujours bon ménage…

Cela fait désormais quelques années qu’une crise d’ordre économique touche Radio France. Et depuis peu, elle se matérialise et risque de toucher 3 antennes de FIP : Bordeaux, Strasbourg et Nantes. Le PDG du groupe publique, Mathieu Galet menace en effet de faire taire les fameuses « Fipettes » (ces douces voix qui animent et nous guident entre deux musiques) pour des raisons budgétaires.

Radio France, leader national et propriété de l’Etat se voit contraint de réduire sa masse budgétaire face à la baisse de leur chiffre d’affaire depuis 2013. Et c’est bien FIP qui risque de trinquer avec la fermeture de trois de leur neuf antennes locales (hormis Paris). Malgré des audiences en hausse, l’éclectique et distinguée station ne semble pas être une priorité pour Radio France face aux cadors que sont France Inter, France Info ou France Bleu. Et c’est bien dommage au vu du panel de station musicale actuel… Car il faut le dire, à part peut-être Nova et Le Mouv’, le reste nous rappelle franchement des mauvaises soirées à la Plage le Club.

 FIP propose une musique constamment recherchée, se démarque souvent des phénomènes de modes (par essence éphémère) pour proposer un programme intemporel, universel et souvent pertinent. Cela n’est certes pas toujours très fun ou branché (justement), souvent difficile d’accès et peut paraître donc relativement élitiste. Non pas qu’ils diffusent du classique, mais ils sont tournés vers le jazz, le blues voire le reggae. Ce ne sont en aucun cas les genres musicaux les plus plébiscités du moment, et sont surtout des sonorités qui parfois demandent une oreille musicale peut-être plus développée, une attention plus forte voire un bagage culturel plus grand pour être appréciées au mieux. Et c’est bien sur ce point là que FIP n’est définitivement pas une radio facile d’accès. Reconnue comme étant « la plus libre du monde », elle cultive cette image avec brio. Libre des tendances actuelles, libre du diktat des sonorités mouvantes, mais aussi libre de ce qui se veut toujours grand public et ouvert à tous.

Face à elle, Le Mouv, sa consoeur du groupe Radio France propose un programme plus tendance, tourné vers le Hip-Hop, la musique électronique et s’adresse donc à un public plus jeune. Ils font gage de qualité avec des sons et des artistes talentueux et reconnus. Autrement, il y a aussi RadioNova, véritable mine d’or et tremplin pour certains artistes. La ligne de conduite de la station est en effet de proposer une musique diversifiée, d’actualité mais aussi très recherchée. Leur playlist, « un grand mix » comme ils le prônent regorge de talent parfois peu connus. Et pour couronner l’instinct créateur, ils proposent une sélection des meilleurs sons à écouter sur leurs albums de la série NovaTunes (disponible sur les diverses plateformes). Elles sont à ma connaissance quasiment les seules radios nationales à proposer un contenu musicale diversifié, recherché et de qualité. C’est aussi une forme de liberté de savoir se détacher des hits du moment, une prise de risque de diffuser ce qui est parfois inconnu du grand public qui, à mon sens, mérite considération. C’est bien dans ce sens là que le plan économique de Radio France est regrettable. En terme de principe, réduire l’activité d’une radio reconnue comme étant des plus libre et de plus grande qualité sous prétexte qu’elle n’est pas au top des audiences nationales est franchement regrettable. Néanmoins, rien n’est acté et il s’agit « seulement » que de la fermeture des radio FIP Bordeaux, Strasbourg et Nantes ; et non pas la diffusion de la musique sur ces territoires (celle ci émane de Paris). On ne parle là que des transitions, des points d’informations ou de promotion d’événements culturels à venir dans la région concernée.

 

Roman Schellinger

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