Habemus Governatus

Crédits photo : Reuters / Philippe Wojazer

traduisez nous avons un gouvernement,

comprenez que c’est une ironie.

La France ne tourne plus, elle vit dans la tourmente, rationne la nourriture dans ses foyers et coupe le pain en tranches fines comme au bon temps de Vichy mais avec les pastilles pour la gorge en moins. On aurait pu croire que la France pleurait à cause de la déclaration du Saint Pape François, pourtant Pape le plus branché de l’histoire mais au fond bon catholique quand même associant l’avortement à l’emploi « d’un tueur à gages ». On croyait, autrement, que les tricolores pleuraient les quarante ans du décès de son furieux Jacques Brel, avec lequel la mort n’avait pourtant rien à faire. Rien de tout ça, la France va mal depuis que Gérard s’en est allé, pas le Larcher du grand Sénat dont la retraite aurait déclenché des soirées de liesse au Palais Bourbon agrémentées d’absinthe prohibée et de vieilles pubs Banania du bon temps de la colonisation. Non on parle ici de Gérard Collomb, c’est depuis son départ à lui que les français ne vivent plus. Départ, ou plutôt retour du rugissant lyonnais de 71 ans dans sa ville des Lumières. Mais voilà le cœur du problème : dix jours que Gégé a claqué la porte de l’Intérieur, et dix jours que les 68 millions de macroniens – quoique uniquement 20 millions au second tour – attendent les noms inconnus de leurs nouveaux ministres.

Crédits photo : Ludovic Marin / AFP

Imaginez le calvaire qui va encore se répéter pour journalistes, spécialistes, universitaires et autres observateurs du monde politique : il va encore falloir apprendre des noms inconnus au bataillon, brutalement projetés au sommet des ministrables, presque un an et demi après la première fois. Autant dire qu’on les avait tout juste appris et enfin retenus. Adieu donc, toi, le « cohésiateur » des territoires Jacques Le Mézard, non tu n’auras pas fait de lézard, ni de selfies avec de jeunes prisonniers car tu n’es pas un thug. Adieu toi aussi, Sophie Cluzel, déléguée au handicap dont l’action aura moins fait actualité que les écluses de Béziers. Toi aussi qui ne voulait pas partir et pour cause : Benjamin Griveaux dit Ben’Griv’, aimé par ton premier ministre, tu portais si bien la parole de tout le groupe, oubliant ton propre ego, bref, une vie de onze mois au service du bien commun. Nous ne t’oublierons pas non plus Annick Girardin, toi la ministre, dont nous te le promettons, nos lecteurs seront ravis d’apprendre que tu étais celle des Outre-Mer. Et si le remaniement s’annonçait au final moins tonitruant qu’il n’en a l’air ? C’est en tout cas la grosse côte sur laquelle parier. Hier, mercredi 10 octobre, c’était le traditionnel jour du conseil des ministres alors on vous laisse imaginer l’ambiance à la Sergio Leone :« Dans la vie il y a deux types de ministres, ceux qui travaillent et ceux qui creusent. Toi, tu touches le fond et tu continues à creuser. » Échange tendu entre Nicole Punchline Belloubet et Gérald Clash Darmanin. En tout cas, aucun d’eux ni des autres n’a voulu démissionner du gouvernement Philippe II. A croire que la crise subie par Macron et son gouvernement n’eut été que de surface. Et pourtant les causes sont nombreuses : affaire Benalla, départ de Nico Hulot, polémique des retraites et décès d’Aznavour. C’est d’ailleurs peut-être le grand Charles qui lui a susurré l’idée avant de partir : « Emmanuel, j’aime la France et l’Arménie réellement. », mais le président ayant compris « Emmanuel, mène l’Arménie au remaniement. », il se questionna un instant et décida d’appliquer le conseil du défunt à son pays, la France, tout en se demandant pourquoi il lui avait parlé d’Arménie.

De : Justine Dehaese

L’affaire allait être plus compliquée que prévue, dix jours passent et Philippe Édouard fait toujours l’intérimaire place Beauvau pendant que la fumée noire s’échappe des colonnes de la chapelle Élysée et que les baguettes se coupent toujours en carpaccio dans les chaumières des français. Que se passe-t-il dans la Macron Corporation ? On aurait presque tendance à croire que le réservoir Made in Société Civile est vide, épuisé jusqu’au dernier marcheur. N’y a-t-il personne pour servir la France ? Ou y a-t-il justement trop de monde aux portillons des ministères mais personne avec assez de charisme ? Ou même, car on aime se l’imaginer, personne avec un casier judiciaire assez vierge. Dix jours, c’est le temps moyen pour vérifier les antécédents d’un ministre. Le gouvernement prend ses précautions, histoire que le Canard Enchaîné ne ressorte pas dans six mois que Ben’Griv’, pourquoi pas alors ministre des transports, ait été impliqué dans un trafic de clignotants dissimulant des radars clandestins. Alors à quand la fumée blanche au-dessus de la chapelle Élysée, celle qui rapportera joie et espoir dans les foyers français, dans lesquels on se fera péter le bide à coup de grandes tartines ? Saint Emmanuel est, en attendant, parti en Arménie histoire de s’isoler un peu et de réfléchir à tête reposée. Les citoyens français vont continuer à douter, à ne pas savoir de quoi demain sera fait, car l’annonce des petits nouveaux ne sera pas effectuée avant vendredi soir au plus tôt. Et sinon, pas avant lundi, car le week-end, c’est sacré pour Saint Emmanuel, même en exil. A croire que s’il suffit de traverser la rue pour trouver un travail, il faut bien traverser l’Europe pour constituer un gouvernement.

 

Maxime Giraudeau

maximegir17@gmail.com

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