Coupe d’Europe de Rugby : Le Racing frustré, Toulon dépassé

Ce week-end était placé sous le signe du rugby avec les finales de la Coupe d’Europe 2019-2020. Initialement prévues au mois de mai, elles ont été reportées en octobre suite à la pandémie de  Coronavirus. L’occasion idéale pour deux clubs français, le Racing 92 et le RC Toulon d’entamer la saison avec un trophée. Malheureusement nos chers ennemis anglais n’étaient pas de cet avis. Retour sur les confrontations Exeter-Racing et Bristol-Toulon.

Les Ciels et Blancs font chou blanc

Pour la troisième fois de son histoire le Racing 92 a réussi à se hisser en finale de la Champions Cup, et pour la troisième fois les franciliens ont échoué dans leur quête européenne. Comme en 2018 face au Leinster ou ils avaient perdu de trois points (15-12), les joueurs de Laurent Travers se sont inclinés avec un faible écart, de quatre points cette fois ci face aux anglais d’Exeter. Score final 31 à 27. Une défaite cruelle de plus dans l’histoire du club des Hauts-de-Seine, surtout compte tenu du scénario rocambolesque auquel nous avons assisté.

Cette finale a débuté de la pire manière possible pour les Ciels et Blancs. Pris dans l’envie et sur tous les duels, ils ont été mangés par des Chiefs d’Exeter absolument intenables, fidèles à leur philosophie de jeu. Grâce à des avants dominateurs, les anglais ont franchi la ligne à deux reprises dans le premier quart d’heure. Déjà dos au mur puisque menés 14-0, les franciliens vont réagir de fort belle manière grâce à leurs trois-quarts Simon Zebo et Juan Imhoff qui vont marquer tour à tour un essai. Le retard du Racing n’est plus que de deux points et on se dit que le plus dur a été passé dans cette première période. Mais juste avant le retour aux vestiaires, au pire moment possible, les anglais vont marquer un nouvel essai en puissance et se détacher 21 à 12. Le caractère des franciliens est de nouveau mis à rude épreuve.

La seconde mi-temps repart sur de toutes autres bases que la première avec cette fois ci les Racingmens à la manœuvre. Ce sont eux qui tiennent le ballon et qui parviennent à tromper la défense adverse grâce avec un nouvel essai de Zebo. Hélas toute erreur se paye cash et les franciliens vont justement en commettre une énorme en offrant un essai aux anglais juste après avoir marqué. Un nouveau coup de massue dans ce match, mais un coup encore une fois suivi d’une réaction d’orgueil. Essai du talonneur Camille Chat suite à un gros travail des avants du Racing. On joue la 50ème minute et le retard des Ciels et Blancs n’est plus que de quatre points (28-24). Les deux équipes se rendent alors coup pour coup, dans un combat digne d’un match de boxe. Personne ne veut se retrouver au tapis, les défenses sont acharnées avec des joueurs se jetant sur tous les ballons tels des morts de faim. Le bras de fer commence à être gagné par les joueurs des Hauts-de-Seine qui reviennent à un point seulement de leur adversaire, et qui ont réussi à obtenir une supériorité numérique pour les dix dernières minutes. Mais le dernier round ne leur sera pas favorable, la faute à une défense d’Exeter très solide qui réussi à annihiler la dernière grosse séquence du Racing à cinq minutes de la fin. Une séquence durant laquelle on pourra regretter certains choix stratégiques, comme celui de ne pas tenter le drop en position favorable. Les franciliens viennent de rater la balle de match. Une ultime pénalité permettra à Exeter d’assurer une victoire 31-27, à l’issue d’un match aussi intense que frustrant, que les joueurs du Racing auraient largement pu emporter .

 

Du beau jeu malgré l’enjeu

On a souvent l’habitude d’assister à des finales fermées avec des équipes tétanisées par l’enjeu, ou alors qui réduisent leurs ambitions de jeu par peur de commettre une erreur fatale. A titre d’exemple, les deux finales disputées par le Racing 92 ont à chaque fois débouchées sur des matchs sans essais. Cette année, les deux finalistes se sont employées comme rarement et étaient tournées vers l’offensive. Une philosophie admirable, surtout compte tenu du contexte. Les franciliens, en plus de subir la pression du résultat due aux précédents échecs, ont eu une préparation fortement perturbée par la Covid. Plusieurs joueurs ont été testés positifs il y a quelques semaines, ce qui a pour conséquence que la plupart des titulaires du soir n’avaient pas joué de matchs depuis presque un mois. Pour autant ce manque de rythme ne s’est constaté qu’au début du match. La volonté et le courage des Ciels et Blancs auront donc été hors-normes et auront dépassées leurs éventuelles limites physiques. Quant aux joueurs anglais, ils disputaient leur première finale européenne, ce qui entraîne souvent une pression forte. Pourtant ils n’ont absolument pas été inhibés par celle-ci. Au contraire, ils ont disputé ce match en restant fidèles à leur mode de jeu consistant à étouffer leur adversaire en permanence. Ils ont réussi dans leur tâche et on ne peut que saluer leur prestation, eux qui avait déjà livrés un match incroyable en demi contre le Stade Toulousain.

Du jeu, du jeu et encore du jeu, voici comment on peut résumer cette finale de Champions Cup qui rentrera dans l’histoire. Avec 8 essais inscrits, elle est devenue la finale la plus prolifique en essais de l’histoire de la compétition, soit 25 éditions. Il ne manquait que le public pour faire de cette finale un match exceptionnel.

 

Pour Toulon aussi le compte n’était pas bon

Dans la finale de la Challenge Cup, la petite coupe d’Europe, le Rugby Club Toulonnais était opposé aux redoutables anglais de Bristol, tombeurs d’un autre club français, l’UBB, en demi-finale. Pour les varois, cette compétition était un objectif annoncé dès les premiers matchs de l’an passé, d’une part parce qu’ils ne l’ont jamais gagné et d’autre part car la finale devait être disputée au Stade Vélodrome de Marseille, donc quasiment à domicile. En raison de la crise sanitaire actuelle, c’est finalement non loin, à Aix-en-Provence et devant 1000 supporters que les toulonnais devaient accomplir leur défi.

Dès la première action du match gros coup de froid pour les toulonnais et dans les tribunes avec un essai de Bristol signé du demi de mêlée Harry Randall, au terme d’une magnifique action de 80 mètres. A peine une minute de jeu et déjà sept points de retard pour les joueurs de Patrice Collazo, qui seront même menés de dix points ensuite. Mais les joueurs de Toulon ont du caractère et vont progressivement sortir la tête de l’eau. Face à des anglais très joueurs, les varois vont s’appuyer sur leurs forces et notamment sur un solide paquet d’avants pour contrarier les plans adverses. Le résultat est payant avec un essai de l’ailier Bryce Heem à la onzième minute suite à un contre finement bien joué, suivi de trois pénalités du jeune ouvreur Louis Carbonel. A la mi-temps le score s’est inversé et les toulonnais mènent 16-10, infligeant à leur opposant un 16-0 sur les trente dernières minutes de ce premier acte.

La deuxième mi-temps sera malheureusement un long chemin de croix pour des toulonnais incapables de s’opposer à un adversaire qui a appuyé sur l’accélérateur, et qui semble faire preuve d’une fraîcheur physique supérieure. Bristol domine et Toulon subit, se met à faire des fautes et à donner des points à des anglais qui n’en demandaient pas tant. Aux environs de l’heure de jeu le score est de parité (19-19) mais l’on sent que le match est en train d’échapper aux varois. Cette tendance va se confirmer avec l’essai du break des anglais inscrit par l’arrière Malins. Comme au début de match, les hommes de Collazo doivent réagir mais cette fois ils n’en auront pas les moyens physiques. Carbonel, jusque là à 100% de réussite dans ses tirs au but, va rater une pénalité à la 71ème minute, tentative qui aurait permis aux siens de revenir à quatre points d’écart et de relancer le match pour les dix dernières minutes. Cet échec sonnera la fin des illusions puisque le «money time» sera encore une fois favorable aux anglais qui rajouteront deux pénalités, histoire de donner plus d’ampleur à leur victoire. Score final 32-19, une défaite finalement logique pour des toulonnais qui auront donné leur maximum et auquel il n’y a aucun reproche à faire, comme le déclarait leur coach après la rencontre.

D’immenses regrets pour le Racing et une occasion manquée pour Toulon, voilà le bilan final de ce week-end qui aurait pu mettre le rugby français sur de bons rails à l’approche de la période internationale. Espérons désormais que la Fédération Française de la Lose laisse un peu le rugby tranquille.

 

Mathias Babin

Crédits: Glyn Kirk, AFP

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