Pourquoi Bolsonaro a-t-il été élu ?

Les résultats sont tombés dimanche 28 octobre, vous n’y avez pas échappé : Jair Bolsonaro a été élu à la présidence du Brésil par 55,13% des voix. Il prendra ses fonctions le 1er janvier, succédant à Michel Temer. Le candidat d’extrême droite, aussi controversé soit-il pour ses positionnements et discours conservateurs, incarne bel et bien le nouveau visage d’un pays fracturé, à la recherche d’un changement profond.

Qui est Jair Bolsonaro ?

Jair Bolsonaro, 63 ans est le nouveau Président élu du Brésil. Ancien capitaine d’artillerie de l’armée de Terre, député fédéral depuis 1990, il est connu pour ses provocations racistes, homophobes, sexistes, et à l’encontre des peuples indigènes. Malgré son âge et ses idées conservatrices, Jair Bolsonaro incarne le renouveau tant espéré d’un pays déchiré.

Préférer choisir le mauvais au pire

Ce vote, aussi contesté soit-il dans les différentes démocraties du monde, est l’expression de la colère d’un pays en quête d’ordre et de changement. Le Brésil a traversé bien trop de crises, aussi bien éthiques que morales, budgétaires ou politiques, et les Brésiliens n’en peuvent plus et n’en veulent plus. Dans ce pays ruiné par la corruption, le trafic de drogue, et la violence, la population est devenue méfiante à l’égard des partis politiques traditionnels. Entre la corruption du gouvernement de Dilma Roussef, les pots-de-vin aux politiciens et partis politiques par Petrobras, la présence des gangs et de violence dans le pays, 57,797,121 Brésiliens n’avaient plus rien à perdre à voter pour Jair Bolsonaro : le choix du mauvais, plutôt que du pire. Et bien qu’ils aient des inquiétudes et ne soient en accord total avec Jair Bolsonaro, riches ou pauvres, blancs ou noirs, hommes ou femmes, fonctionnaires, chômeurs ou patrons, chacun voit en lui la possibilité de mieux vivre. Mais il faut bien noter une chose, outre un vote pour plus de sécurité, ou la préservation de la « famille traditionnelle », c’est un vote par haine du PT (Parti des Travailleurs) qui ressort.

« Le Brésil au-dessus de tout, Dieu au-dessus de tous »

Les mesures qui ont à la fois le plus séduites et divisées dans le programme de Jair Bolsonaro sont celles autour la sécurité : assouplissement de la législation sur le port d’armes autorisant la police à tuer si nécessaire. De plus, malgré le fait que les prisons soient déjà surpeuplées, le nouveau Président élu préconise plus d’incarcérations en en finissant avec, par exemple, les programmes de liberté conditionnelle, ou d’aménagement de peine. Bolsonaro prévoit la division par deux du nombre de ministres, limitant les arrangements entre ministères. Cette mesure vise à restreindre toute corruption au sein du futur gouvernement, et les Brésiliens y accordent beaucoup d’importance depuis les affaires de corruption des gouvernements précédents.

Faut-il être inquiet ?

Jair Bolsonaro étant ouvertement sexiste, homophobe, climatosceptique, et nostalgique de la dictature (1964-1985), de vives appréhensions se font sentir concernant l’avortement, les LGBTQIA, l’environnement, ou encore la démocratie. Cette montée de l’extrême droite, comparée à celle qui a lieu en Europe et aux États-Unis, inquiète. Or, ce qui séduit en Italie avec Matteo Salvini, en Autriche avec Norbert Hofer (malgré sa défaite) ou au pays de l’Oncle Sam, outre les idées conservatrices, ce sont les discours anti-immigration sous couvert de discours sécuritaires. Aussi radical que flou, le programme de Bolsonaro rappelle celui d’un certain Donald. Ce dernier, annoncé comme un cataclysme, n’a pas été en mesure de réaliser tout ce qu’il annonçait durant sa campagne. Si comme aux États-Unis avec les propositions du gouvernement Trump, le Parlement vote contre les propositions de Bolsonaro au Brésil, nous avons peut-être moins à nous inquiéter.

Crédits photo : Mauro Pimentel / AFP

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Jade Bihan

Je suis étudiante en infocom. Mes projets : devenir journaliste reporter et voir un saiga tatarica un jour prochain.